Avis sur L'Héritage des 500 000

Je pensais être plus sévère avec l'unique film réalisé par Mifune, mais en prenant du recul, notamment en lisant la critique de DVDclassik, je me rends compte que ce long métrage regorge de qualités, même s'il n'est pas exempt de défauts, sur lesquels je reviendrai.

Tout d'abord le scénario. Les 500 000, ce sont ces soldats morts dans les Philippines pendant la Seconde Guerre Mondiale. Durant la guerre, l'armée japonaise a réquisitionné l'or de ses concitoyens, les faisant fondre en des milliers de pièces frappées (ironiquement ?) de l'idéogramme du bonheur. Ce trésor a été transporté de places en places, de cachettes en cachettes, pour finalement être enseveli dans le sol montagneux d'une île des Philippines.

Takeichi Matsuo (Toshirô Mifune), ex-commandant de l'armée impériale ayant participé à l'ensevelissement des pièces, mène une vie rangée de cadre dans une entreprise, cherchant à oublier les traumatismes de la guerre. Mais son passé le rattrape, avec l'irruption d'un homme d'affaires peu scrupuleux (le toujours excellent Tatsuya Nakadai) bien décidé à retrouver le trésor perdu, soi-disant pour le rendre aux populations lésées. Ce dernier use alors de la force pour convaincre Matsuo de prendre la tête d'une expédition à la recherche de l'or tant convoité.

Le long métrage, qui débute par une longue exposition, prend son temps et construit étape après étape ce récit de chasse au trésor. Il finit par ressembler alors de plus en plus à « Un Taxi pour Tobrouk » de Denys de La Patellière (sorti 2 ans plus tôt) : nos 5 Japonais se retrouvent dans une Jeep bourrée à craquer, avançant dans les rizières et la jungle à la place du Sahara. Et le ton est le même : amer, désabusé, ironique et bien sûr anti-militariste, le tout dans un décor grandiose et luxuriant d'une beauté envoutante, qui contraste avec le périple dangereux de nos protagonistes.

Pour autant, le long métrage de Mifune a son intérêt propre, notamment en ce qu'il revisite le passé douloureux du Japon. Ceux qui ont fait la guerre en sont meurtris à jamais, et celui qui ne l'a pas faite découvre peu à peu en quoi elle consistait, à mesure que la troupe évolue dans les charniers des Philippines, véritables tombeaux à ciel ouvert. Mifune s'intéresse à chacun des personnages, qui a sa propre personnalité et se transforme au fil des évènements.

Finalement, et c'est là l'un des principaux reproches que je ferai à ce film, seul le personnage de Mifune est assez monolithique, en héros des temps modernes sans aucun défaut. On comprend alors aisément que la volonté de Mifune d'incarner des personnages parfaits ne pouvait que se heurter à la vision plus nuancée de Kurosawa. Leur désaccord éclatera durant le tournage du fameux « Barberousse », signant la fin d'une collaboration sans pareille dans l'histoire du cinéma et le début d'une profonde rupture entre les deux hommes, qui mettront près de 30 ans avant de se réconcilier.

Autre faiblesse de ce long métrage : le manichéisme un peu appuyé et une sorte de naïveté morale au didactisme un peu lourd. Néanmoins, c'est le revers de la médaille, je ne peux que louer le bel humanisme qui transpire dans ce film. Kurosawa lui-même, qui a d'ailleurs participé à la réalisation de ce long métrage, notamment au montage, ne l'aurait sans doute pas renié, même s'il ne fait aucun doute qu'il aurait proposé un scénario plus subtil.

De même, la réalisation n'égale pas non plus celle de Kurosawa, mais fait preuve d'une grande maîtrise. Les cadrages sont élégants, la photographie somptueuse, magnifiant les paysages insulaires et montagneux, le montage (dont on sait qu'il fut supervisé par Mifune) réserve un rythme organique des plus plaisants, ni trop rapide ni ennuyeux... Bref, si « L'Héritage des 500 000 » n'a pas la pertinence ni la puissance visuelle d'un Kurosawa des grands jours (ce dont on pouvait s'attendre), il ne s'agit pas non plus d'une simple curiosité ni d'une lubie d'acteur en manque de reconnaissance critique.

Fond et forme se mêlent harmonieusement et participent à la qualité louable de ce long métrage. A la fois divertissement, œuvre d'art mais aussi de mémoire, ce film mérite d'être découvert, notamment par tout admirateur du duo Kurosawa / Mifune qui se respecte. Véritable succès à sa sortie en salles au Japon en 1963, sa diffusion pour la première fois en France vient éclairer une autre facette de Toshirô Mifune, qui fut décidément quelqu'un de terriblement doué.

Il y a dans ce film des plans techniquement incroyables : sans doute enseigné par Akira Kurosawa, Toshiro Mifune fais des superpositions de premiers plans très nets avec des arrières-plans tout aussi nets; le résultat est époustouflant de tension.
Également, le réalisateur-acteur utilise pleinement l’espace dans lequel il se déplace et se permet des contre-plongées saisissantes. Il manque quelques gros plans pour donner à ce film à une cinématographie sans pareille.
Je ne dirai rien sur l’histoire, afin de permettre aux lecteurs toute la surprise finale nécessaire !

Pour son unique long-métrage en tant que réalisateur, Toshirô Mifune nous offre avec "L'Héritage des 500 000" un excellent film d'aventure qui n'est pas sans rappeler "Le Trésor de la Sierra Madre" de John Huston. La réalisation, qui fait d'ailleurs énormément penser à celle du mythique Akira Kurosawa, ne manque pas de style et d'élégance, l'histoire est assez prenante durant le seconde partie et le casting fait une prestation particulièrement convaincante. Une excellente découverte que je conseille aux fans de Toshirô Mifune, d'autant qu'il s'agit malheureusement d'une oeuvre assez méconnue.

Acteur, réalisateur et producteur, la star du cinéma japonais Toshiro Mifune ne l’aura été qu’une fois sur ce film d’aventure qui reprend le cours d’une guerre perdue pour mieux y disséquer les tréfonds de l’âme humaine. Autour d’un trésor enfoui dans la jungle philippine, que quelques hommes prêts à tout convoitent pour le ramener au Japon. Les intentions sont plus ou moins bonnes mais au fur et à mesure de l’expédition, son responsable ( contraint et forcé ) comprend très bien ce qui attend ses compagnons. La révélation d’une humanité à jamais pétrie dans la haine et la bêtise, même si la pointe d’humour, traditionnelle au septième art nippon, n’échappe pas à un Mifune un peu instable derrière la caméra.
Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com

L'Héritage des 500 000 est l'unique réalisation de l'acteur Toshirō Mifune qui a bénéficié en grande partie de l'équipe d'Akira Kurosawa et aussi des conseils du maître. Resté longtemps inédit en France on découvre un film certes pas mauvais du tout et même prenant mais franchement pas particulièrement marquant.
On suit un groupe de bandits voulant récupérer de l'or oublié en Philippines durant la 2nde G.M. et seul un ancien officier de l'armée impériale japonaise devenu un honnête employé dans une société au Japon sait où retrouver tout ce butin, cet homme droit et honorable est incarné par Mifune lui-même, il ne veut pas les aider mais une menace pèse sur sa fille donc il n'a pas vraiment le choix. Et l'équipe part direction les Philippines, assez rapidement on remarque que ce film japonais semble dans son style plus s'inspirer du cinéma américain que nippon et on pense en particuliers au Trésor de la Sierra Madre de John Huston avec ce groupe d'hommes obnubilé par cet or.
C'est un bon film qui vaut le coup d’œil mais selon moi il manque par moment de rythme et aurait gagné à être plus tendu spoiler: la fin est diablement amère et sans espoir sur l'humain.

Quand la chasse au trésor déterre les derniers restes d'humanité épargnés par les conflits armés ou philosophiques.