Le Seigneur des Anneaux premier du nom, est clairement le meilleur de la saga, même si celle-ci est dans son ensemble d’excellente qualité.
D’abord le casting est parfait. Il n’y a rien à redire la dessus. Je ne vais pas détailler le nombre pléthorique d’acteurs en détail, mais clairement cette communauté de l’anneau vaut le détour. Aux cotés d’acteurs rodés (McKellen, Rhys-Davies, et dans des seconds rôles Lee et Holm…), on trouve des acteurs moins connus bien que doté déjà d’une carrière assez longue (Mortensen, Bean…) et des jeunes premiers qui montrent tout leur talent (Wood, Astin…). Si tous n’ont pas forcément poussée leur carrière depuis, en tout cas ici ils se sont donné le mot pour offrir des prestations en béton armé. Wood est un peu moins amorphe que dans les deux épisodes suivants, Sean Bean apporte un indéniable plus, Holm est remarquable, et je retiendrai particulièrement la prestation charismatique et enlevée de Viggo Mortensen qui trouve clairement un rôle pour lui. Je ne manquerai pas de souligner aussi la sublime Liv Tyler, qui met son physique singulier au service d’une elfe, ce qui lui sied fort bien. Évidemment au-delà des acteurs talentueux, les personnages sont riches, consistants, variés, et ils ont tous une histoire qui nourrit l’intrigue. C’est très réussi, vraiment, car le film gagne en profondeur.
Le scénario est sublime. Malgré sa durée de presque trois heures, cette Communauté de l’Anneau est passionnante. Mêlant épopée, romanesque, passages humoristiques, le spectacle est non seulement parfaitement rythmé au gré de rebondissements toujours plaisants et surprenants, mais en plus il navigue entre les genres avec une fluidité et une maitrise impressionnante. Ca coule avec une aisance assez incroyable parfois, alors qu’il est très difficile de retranscrire sur grand écran l’idée du voyage, sans donner l’image d’un récit linéaire, et sans donner l’impression d’aller trop vite en passant du coq à l’âne. Bravo à l’équipe.
Visuellement, depuis Excalibur (mais qui date d’une autre époque quand même), je n’avais jamais vu un spectacle d’heroic-fantasy aussi abouti. La mise en scène est grandiose, magistral, épique, que dire de plus ! Jackson livre une réalisation à la hauteur du livre, avec des vues aériennes géniales, des gros plans « émotions » ultra-travaillé, des séquences contemplatives aussi réussies que les séquences action. Rien à redire en somme. La photographie est non moins merveilleuse. Avec les décors elle transporte littéralement dans un monde imaginaire, un monde fantastique. Elle est riche en couleur, toujours adapté aux différentes ambiances à retranscrire, et j’ai souvent retrouvé les descriptions du livre, justement dans ces couleurs, ces éclairages, et ces décors. Ces-derniers évidemment s’appuie sur les paysages majestueux de la Nouvelle-Zélande, mais ce serait oublier le village hobbit au début, tout à fait enchanteur, et les reconstitutions diverses (dont la Moria). Le moment où la cité des nains se révèle à l’équipe, est un passage cinématographique absolument mémorable, qui à lui seul révèle toutes les qualités techniques du film. Les effets spéciaux sont parfaits. Il n’y a même pas les petits ratés du troisième épisode par exemple, avec un Balrog, clou du spectacle ici, que l’on voit peu mais qui est très, très impressionnant. Ils sont au service d’un bestiaire riche et fascinant (au passage je louerai aussi les maquilleurs), et de scènes d’action totalement jouissives, qui culminent dans la Moria. Enfin, difficile de conclure sans évoquer la bande son. A la hauteur du film, c’est un bloc, une claque, c’est juste un chef-d’œuvre. Riche à un point rare, elle est sublime, travaillée au cordeau par un Howard Shore au sommet de son art, bref, ce Seigneur des Anneaux devait être un chef-d’œuvre jusqu’au bout.
En conclusion, difficile de ne pas mettre 5 à ce film. C’est un monument du cinéma, indéniablement, et qui est supérieur aux deux suivants. Pour ma part il est aussi marquant qu’Excalibur à son époque, et il est de son niveau, avec évidemment les moyens et la technologie d’aujourd’hui. On retrouve le même souci de profondeur dans l’histoire et les personnages, les mêmes qualités techniques, la même recherche sur la musique, et au bout du compte il élève très haut l’heroic-fantasy. M. Jackson, merci pour ce chef-d’œuvre.