Imaginez que le monde est au bord de la 3ème Guerre Mondiale. Imaginez que les bombes nucléaires soient les premières armes à être utilisées comme introduction à un conflit d'une nouvelle ère. Imaginez que le survie de la planète dépend du bras de fer entre deux puissances, bien décidées à ne pas laisser l'autre prendre l'avantage. Ça vous semble peu réaliste? Cette situation s'est pourtant produite en 1962, alors que la confrontation entre l'URSS et les U.S.A battait son plein. La Guerre de Corée(1950-1953), le Maccarthysme (1950-1954) étaient déjà les preuves d'une confrontation bien réelle mais indirecte entre les deux superpuissances. En revanche, la crise des Missiles de Cuba fut le point de non-retour atteint dans ce conflit. Alors que l'URSS fournit des armes de destructions massives aux troupes de Fidel Castro, devenant de ce fait une sérieuse menace pour les États-Unis, le président Kennedy et son gouvernement décident de s'opposer frontalement à leur ennemi. La Guerre tant redoutée se rapproche de plus en plus, et les négociations entre les deux pays ne laissent pas beaucoup de place à l'optimisme. Après l'allocution du président Kennedy, annonçant clairement la couleur (soit l'URSS retire ses missiles de Cuba, soit les U.S.A engagent les hostilités), le destin du monde va se jouer en quelques jours...Treize jours exactement, durant lesquels le gouvernement américain va vivre une bataille autant contre lui-même que contre ses homologues russes. Roger Donaldson évite la simplification pour nous plonger dans les arcanes du pouvoir. Ce qui rend le film beaucoup moins manichéen qu'il n'y paraît, malgré le fait que l'on ne voit pas beaucoup le camp adverse. En effet, les dissensions sont aussi vives entre les membres du gouvernement même qu'entre les deux nations. Dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, on croise John Fitzgerald Kennedy (campé par un Bruce Greenwood idéal pour le rôle), son frère Bobby, Ministre de la Justice (superbe interprétation de Steven Culp), et son conseiller le plus proche, Kenny O'Donnell (Kevin Costner, remarquable). Ces trois-là défendent l'idée d'un apaisement comme seul recours. Mais ils ont également des "invités" dont le but diffère sensiblement du leur. 2h20 de combat politique? Oui, c'est cela. Et pour ainsi dire, c'est aussi efficace qu'un film de Guerre même. Mais c'est aussi un morceau d'Histoire que Donaldson nous invite à découvrir. Ultra documenté, utilisant beaucoup d'images d'archives, et de discours officiels, le film tend à l'exhaustivité. Car c'est au cours de ces treize jours que le conflit a pris un tournant majeur dans son déroulement. Un film hermétique? Peut être mais paradoxalement, le fait de ne pas l'être totalement est aussi l'un de ses défauts (les scènes entre O'Donnell et sa famille paraissent inutiles, et cassent quelquefois le rythme). Pour autant, un vrai humanisme se dégage des trois personnages principaux. Tourné en 2000, le film de Roger Donaldson prend cependant une dimension particulière en 2003, lorsque la Guerre en Irak est déclenchée par le gouvernement Bush. La présidence de Kennedy durant ces treize jours de 1962 apparaît alors comme le contrepoint parfait de la conduite de son successeur 40 ans plus tard. Un film impeccable et nécessaire.