Lors d’une dispute, Oray répète trois fois le mot talâq à sa femme Burcu ce qui, dans la loi islamique, signifie la répudiation. Fervent pratiquant, il va chercher conseil auprès de l’imam de sa ville qui lui impose une séparation de trois mois. Il profite de cette décision pour partir vivre à Cologne et y construire une nouvelle vie pour Burcu et lui.
C’est le premier long métrage de Mehmet Akif Büyükatalay. Pour écrire le scénario, le germano-turque a été puisé dans son expérience personnelle, sans pour autant que cela soit autobiographique. Oray a reçu le prix du Meilleur premier film à la Berlinale 2019. Sortie au cinéma le 27 Octobre 2021.
C’est une belle surprise que ce très bon drame venue des contrées germanique.
L’histoire est vraiment prenante. Elle va nous plonger dans une communauté Turque musulmane en Allemagne. Pour information, ce pays est le premier en Europe pour l’immigration Turque. Il y a environ 2.5 millions de personnes de nationalité ou d'ascendance Turque y vivant. Il faut aussi savoir que cette communauté n’est pas homogène sur les plans religieux, sociaux et politique. C’est d’ailleurs pour cela que le réalisateur précise bien que son drame n’a pas pour but de représenter les 3.5 millions de musulmans en Allemagne.
Cette parenthèse étant finie, nous allons pouvoir parler de la thématique principale qui est la rédemption. Oray durant tout le film ne va cesser de vouloir se racheter. Il veut pouvoir devenir l’homme meilleur que celui ayant fauté. On va le voir tenter de construire un nouveau départ dans une nouvelle ville. J’ai trouvé ça touchant de vouloir se remettre en question même si on s’aperçois rapidement que les mauvais travers ne sont jamais très loin. C’est le récit d’un parcours difficile pour un homme dont on se demande s’il arrive à apprendre de ses erreurs.
Le personnage de Oray rayonne donc sur ce drame. Je l’ai trouvé énormément charismatique. Il a ce petit truc qui fait qu’il est difficile de ne pas le prendre d’affection. On voit ses défauts, malgré tout, on veut croire en son renouveau. Par moment il va voir des fulgurances mais on a l’impression que c’est pour mieux retomber ensuite. Cette façon d’être toujours sur le fil est captivante. Je dois dire que Zejhun Demirov est tout simplement fantastique. Sa performance est irréprochable
Ce film va avoir une vraie morale spirituelle. En effet, la foi est très importante pour Oray, et donc on va voir en quoi la pratique influence sa vie, notamment à cause du divorce. Un recul, sans pour autant faire de jugement, d’appliquer des règles religieuses sans forcément les accepter. Un moment ou un autre, cela va causer des problèmes. En réalité, on se rend compte, dans ce cas, que la religion va surtout permettre de fédérer une communauté. Au final, à aucun moment on ne va savoir si c’est une foi sincère ou un moyen de ne pas être seul. Un flou intéressant. Cela sera symboliser par une fin un peu brutale en point d’interrogation.
Attention, les phrases qui suivent vont vous spoiler la fin du film. Oray ne va donc malheureusement pas réussir sa tentative d’indépendance. On sent qu’il n’a pas les épaules pour assumer une nouvelle vie, seul avec sa femme, loin de sa communauté de Cologne. Cette béquille lui est indispensable. Sa peur de l’échec était trop forte et il a choisi la solution de la facilité. La communauté va prendre soin de lui, sans qu’Oray ne doivent assumer ses responsabilités.