"Animal factory" est un film surprenant si on n’a pas pris la peine de lire au préalable le synopsis, car le titre ne laisse supposer en rien que c’est un film sur le milieu carcéral (hormis l'affiche bien sûr). Des sujets comme celui-ci, on en a déjà vu quelques-uns mais rarement, voire jamais, de façon aussi dure. Pour mettre le doigt sur l’attrait peu envieux des prisons, le tournage s’est fait dans un établissement pénitentiaire radié depuis 1996, du fait de sa décrépitude avancée, laquelle offrait des conditions de vie détestables aux détenus. Un bon moyen de les empêcher de récidiver, ceci dit… Nous sommes invités à suivre un jeune trafiquant de drogue issu d’une famille bourgeoise. Comme quoi, il ne faut pas nécessairement sortir d’un milieu défavorisé pour devenir un délinquant, aussi petit soit-il. Et c’est ainsi que nous sommes amenés dans une des prisons les plus dures mais aussi les plus vétustes des Etats-Unis, au beau milieu des sacrées gueules qui ont décidément la tête de l’emploi. Parmi eux, on trouvera Danny Trejo dans la peau d’un Vito presque trop sage, se servant sans doute de son passé houleux. On reconnaîtra peut-être aussi Mickey Rourke excellent dans le rôle de Jan (personnellement, je ne l’ai pas reconnu), mais aussi Tom Arnold dans le petit rôle (bien qu’important dans l’aspect malsain de cette prison) de Buck, et surtout Willem Dafoe très bon encore une fois dans la peau de Earl Copen, confondant de réalisme avec son crâne rasé. Le réalisme : voilà le maître mot de la réalisation de Steve Buscemi, quasi néophyte dans la mise en scène. Ce dernier a su faire preuve de sobriété, sans artifices, et n’a pas reculé devant les nombreux clichés liés à ce genre de tôle. Seulement son œuvre parait un peu trop sage, pas assez violente, et un peu répétitive, voire plus ou moins prévisible. J’ignore si le roman éponyme d’Edward Bunker sur lequel s’appuie le film est du même tonneau, mais on va supposer que oui puisque c’est l’écrivain lui-même qui a signé l’adaptation cinématographique, se servant de son passé de détenu au cours duquel il a été le compagnon de cellule de Danny Trejo. Au final, "Animal factory" semble manquer de profondeur dans son propos, avec un scénario des plus simples, dans une ambiance glauque (elle le serait à moins) renforcée par l’éclairage blafard des plafonniers et la lumière aveuglante de la cour. Porté par un duo tout en contrastes entre un vieux briscard de la tôle (porté par Willem Dafoe) et une jeune gueule d’ange au physique frêle (incarné par Edward Furlong), occultant du même coup le développement des personnages secondaires et quelques événements notables
comme l’émeute (certes maîtrisée, mais... de quelle façon !)
, "Animal factory" n’a pas les arguments pour détrôner un certain "Midnight express" de son piédestal, pas même de l’égratigner ne serait-ce qu'un peu.