Ainbo est un projet de longue date ayant réussi à intriguer tout son monde dans le domaine au moyens de ses images ambitieuses et de son cadre inédit. Nous pensions tous avoir affaire à un futur monument de l'animation issue de l'étranger. Mais tout comme l'affiche finale nous le montre, nous nous sommes bercés d'illusions. Si le spectateur lambda sera simplement déçu d'avoir déjà vu un bon millier de fois tout ce qui constitue ce film parmi des milliers d'autres, le fan l'ayant attendu avec les teasers depuis 2017 ressentira surtout une immense trahison tant le produit final n'a rien à voir avec le projet initial. A l'exception de l'apparence de l'héroïne et de certains visuels, Ainbo : Spirit of the Amazon ne dispose d'aucun argument de qualité qui le comparerait dignement avec ce qu'il était censé ressembler à l'origine. Mise-en-scène paresseuse, réactions exagérées de personnages pauvrement écris, animation réduite au minimum, décors vides et histoire simpliste sont le douloureux constat de ce que l'on se refusait de croire : Du sabordage. Que ce soit l'ambition de l'histoire, la grandeur de la forêt amazonienne et les étapes du voyage de l'héroïne, tout a été drastiquement rabaissée pour ressembler à n'importe quel autre film d'animation ras de budget, contraints de céder à des statistiques éculés pour se rendre consommable. Ainsi, les animaux censés être des guides spirituels deviennent des comics-reliefs sévèrement irritants, l'héroïne trop bavarde ne peut rien accomplir sans aide extérieur pour ne pas perdre les jeunes spectateurs, le voyage se résume à un banal sauvetage écologique dont le mysticisme s'incruste de façon très maladroite en une personnification maléfique unilatérale, et si les symboles racontaient peut-être quelque chose dans le film original, ils ne sont que des items pratiques dans le produit d'usine qu'on reçoit. Comment un film au potentiel aussi énorme et porté par des artistes aussi engagés a pu aboutir à un téléfilm Gulli ?