Premier film indien sur le rap, "Gully Boy" s'inspire de la vie des rappeurs Divine et Naezy qui ont d'ailleurs participé à la BO du film. Si l'on devait résumer grossièrement ce film, on pourrait dire qu'il s'agit d'un mélange entre "Roméo et Juliette" pour la romance impossible avec les amoureux qui se voient en cachette, et "8 Miles" pour l'univers du rap qui est représenté et pour le rêve du personnage principal qui souhaite percer dans le milieu. Bien sûr, c'est juste pour situer l'histoire, car sinon, le film a sa propre identité. Déjà rien que le fait que ce soit un film indien apporte son originalité avec un contexte différent de ce que l'on pourrait trouver ailleurs. Dans ce film, Zoya Akhtar dresse le portrait d'une jeunesse tiraillée entre tradition et modernité, et entre le fait de faire son propre chemin ou emprunter celui tracé par leurs parents. Si l'histoire d'amour passe étonnamment au second plan, elle est le symbole de ces différences et de ces deux mondes qui s'oppose au coeur d'un Mumbai où l'écart entre les classes sociales n'a jamais été aussi important. On retrouve bien le ton de la réalisatrice qui a toujours parlé librement de ce qui se passe en Inde par exemple dans le récent "Lust Stories" où elle parlait de sexe de façon décomplexée alors qu'habituellement, c'est un sujet tabou. Le thème n'est pas le même ici, mais le ton est identique. À travers cette histoire d'amour et surtout la success-story de Murad, elle en profite pour parler de sujets plus communs comme les mariages arrangés, le traitement des femmes, le mépris des classes, etc. S'il aborde beaucoup de choses, "Gully Boy" est surtout un film musical sur fond de romance avec une histoire très classique pour le genre. Tout ce qui se passe est vu et revu, ce qui fait un peu défaut au film même si le cadre de l'Inde apporte un brin d'originalité. L'histoire est sympa même si très convenue et totalement prévisible, les acteurs sont convaincants, j'ai été agréablement surpris par Siddhant Chaturvedi au-delà des deux rôles-titres bien sûr, et la bande-son est plutôt entraînante même s'il manque une chanson phare. Au final, "Gully Boy" est pas mal, mais je le trouve un peu surestimé.