Ce film est un festival de bons mots, d’excellents acteurs et de bonnes scènes bien réalisées. Avec une très belle originalité à la base. Mais quand, plus tard, il ne vous revient que le moins bon, alors qu’on a accroché si fort dès le début, c’est qu’il y a un problème. Un problème avec soi-même ou avec le film. C’est le cas avec ce Miss, cet Alex qui n’est sublime qu’en femme. C’est le cas avec tous les personnages, haut en couleurs, trop haut. C’est le cas avec les répliques, léchées, excessivement léchées. C’est le cas avec le suspense, puissant, puis qui s’auto-détruit en gâchant des opportunités (par exemple Miss PACA découvre le pot aux roses et le rebouche). C’est le cas avec la fin du film, le bout du tunnel, que l’on voit lumineux, mais où finalement ça déraille. Pourtant, le film avait un sacré potentiel : au centre, un garçon qui dit "je me sens plus fort en femme" ; et tout autour les autres, l’auberge espagnole, une arche de Noé ––du boxeur qui dit "le combat se gagne avant de monter sur le ring" ––à la faiseuse de misses-caniches-de-concours qui dit "ne sois pas victime des codes, il faut faire avec" ––en passant par une poignée de personnages qui ont tous un bon truc à dire, truculent si possible, la Lola en tête (qui a "les hormones en popcorn" pour un rien). Forcément, tout le monde a son mot à dire quand il s’agit de "devenir quelqu’un", et pas de "devenir personne" ––à commencer par Amanda Lear, dont la prestation ne dure malheureusement que le temps d’une pub Schweppes "what did you expect?", et lui ressemble. Ce film est donc prenant, hilarant, émouvant, mais énervant ––surtout la fin (même si certains la trouveront géniale). Pour toutes ces raisons, c’est un film à voir. A.G.