Je n'ai pas vu la Cage Dorée, le premier film de Ruben Alves, mais je regarderai par curiosité.
Concernant Miss, son 2ème long-métrage, il a pris le risque de traiter un sujet fort et un peu casse gueule car très facilement caricaturable et pouvant facilement être un déversoir de bons sentiments. Mais au final non, je trouve qu'il a bien réussi à échapper au piège des clichés. Au contraire, il essaye vraiment de contrebalancer les idées reçus avec notamment des personnages secondaires très ouverts d'esprits ou assurément travesti. (les 2 jeunes Randy et Ahmed, Lola, etc).
Les dialogues sont plutôt bien écrits bien qu'ils sonnent parfois comme des messages délivrant la bonne morale facile... mais ils s'intègrent bien dans le ton du film et on l'accepte comme tel, sans que cela paraisse "trop lourd" ou nian nian. Il faut aussi savoir que le réalisateur a accompagné dans sa vie personnelle une personne de son entourage dans sa transition, donc on voit bien qu'il connait la façon dont les choses sont dites et pensés par les personnes transgenre ou pratiquant le travestissement, et c'est important de bien représenter la parole de ces personnes à travers des dialogues vrais et réalistes dans leurs approches.
Le scénario en lui-même part d'une très bonne idée, avec un fort potentiel émotionnel, malheureusement l'ensemble de la trame est quelque peu prévisible
(on se doute qu'il sera élu Miss à la fin etc, seul le chemin est donc intéressant à suivre, et celui-ci rencontre au final peu d'encombres très marquants). Je m'attendais à un final vraiment plus chargé émotionnellement. Pas convaincu que l'éllipse de sa victoire finale dans l'émission ait été judicieux, on perd du coup en intensité sur les intentions finales, bien que paradoxalement ça aurait pu aussi paraître cliché de la conserver en scène. Mais j'ai trouvé le déshabillement sur le plateau comme révélation publique un peu too much. Enlever les cils etc avec un discours encore plus fort autour de l'identité et ses vrais motivations en tant que personne androgyne / travesti, aurait été plus intéressant et moins facile...
Du coup, je suis resté un peu frustré et sur ma faim concernant la scène de conclusion sur le ring de boxe...
Il y a quelques maladresses un peu lourdes ou en tout cas mal amenées, comme par exemple la scène de l'ami boxeur
qui reconnait Alex dans le couloir et qui tente de lui faire des attouchements subitement...
pas très crédible et un peu surfait. Pour moi cette scène est de trop et n'apporte rien.
Les 2 gros plus c'est tout de même les personnages et leurs acteurs. Quand on sait que Alexandre Wetter joue ici son tout premier rôle (et pas le plus facile !!), on peut saluer sa prestation, bien qu'il ait encore une grosse marge de progression bien sûr. Il apparait en tout cas extrêmement cinégénique ! Aidé par une très belle image, et une très belle lumière, avec un vrai travail effectué sur les flares etc pour renforcer le côté magie, conte de fée, réalisation d'un rêve, strass et pailettes.
Je retiens également la surprenante prestation de Thibault de Montalembert dans le rôle de Lola ! C'était culotté et audacieux d'accepter un tel rôle, et il le fait impeccablement, ça fonctionne et on y croit, tant dans la gestuelle que l'attitude et la prestance assurée. Bravo à lui !
En rôle secondaire, Isabelle Nanty jouant Yolande est aussi très bien, apportant de bons moments drôles et décalés, ramenant un peu plus de légèreté tout au long du film.
Un bon film donc, qui évite certains pièges sans pour autant emprunter l'excellence ni l'inattendue.