Je ne rêve que de vous : les secrets du tournage

Le précédent film de Laurent Heynemann, Un aller simple, date de 2001. S'il n'a pas fait d'autre film pour le cinéma durant ce laps de temps, c'est faute de trouver un producteur et des financements. Mais le réalisateur ne montre pas d'amertume à ce sujet : "on me proposait des sujets formidables à la télé ! Je fais partie d’une génération de réalisateurs qui a eu la chance de pouvoir travailler pour le petit et le grand écran en même temps ! J’ai donc eu l’opportunité de faire à la télévision des films intéressants et plaisants qui ont connu de gros succès…"

Laurent Heynemann désirait depuis longtemps faire un film sur un personnage féminin de la guerre 39-45 mais qui "ne soit ni une résistante, ni une collabo. Je cherchais une « héroïne des sentiments »…"

C'est sur les conseils d'un ami que le réalisateur a lu Je vous promets de revenir de Dominique Missika. Il a trouvé dans cet ouvrage la matière d'un film : "les rapports entre les personnages étaient formidables et je savais que la vie du couple Jeanne Reichenbach-Léon Blum prendrait par nature le dessus sur le côté historique". Il désirait emporter le public dans une émotion et non signer une oeuvre historique didactique qui serait, selon lui, plus adaptée à la télévision. "Si j’avais traité ce sujet pour la télé, nous aurions eu de quoi en faire une série de six fois une heure, plus complète sur la connaissance historique mais moins forte sur l’intime relation que le spectateur entretient avec les personnages", précise-t-il.

Le réalisateur a co-écrit le scénario avec Luc Béraud qu'il connaît depuis de nombreuses années. Celui-ci a veillé à écarter du film tout le côté reconstitution de la guerre au profit de l’aventure humaine des personnages. Laurent Heynemann le décrit comme un remarquable dialoguiste et précise : "Nous sommes arrivés à un premier script énorme et boursouflé, bourré d’anecdotes, mais trop riche".

C'est la rencontre avec la productrice Nelly Kafsky qui a permis au film, à l'issue de cinq ans, de voir le jour. "Elle m’a accompagné fidèlement sur les différentes étapes du scénario, et sur le casting. Elle a porté et financé ce film petit bout par petit bout, surmontant les refus, écartant les mauvaises ondes et l’arrogance de certains décideurs", raconte Heynemann.

Laurent Heynemann ne tarit pas d'éloges sur ses comédiens. Il décrit Hippolyte Girardot comme un "acteur très intelligent" qui comprend instinctivement son personnage et souligne le sens du rythme inouï d'Elsa Zylberstein : "C’est un véritable don et c’est pour cela qu’elle est formidable dans les comédies, et ce qu’elle a de singulier et d’inattendu, c’est qu’elle sait mettre cette énergie au service de films dramatiques en les aidant à échapper au ronronnement pathétique".

Le réalisateur a fait appel au compositeur Bruno Coulais qu'il connaît depuis des années et avec lequel il a collaboré de nombreuses fois : "Je ne voulais pas d’une musique d’époque mais une vraie création qui emmène l’intrigue vers le tragique comme dans un tourbillon… Et ce qu’il a réalisé est magnifique ! Il sait que j’aime par-dessus tout le lyrisme sans pathos".