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    The Assistant
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    RedArrow
    RedArrow

    1 662 abonnés 1 528 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 juin 2020
    Une journée de travail dans la vie de l'assistante d'un ogre...
    Confortablement installé dans son costume de patron d'un grand studio, le monstre ne sera jamais nommé ni même réellement montré mais son ombre et la nature de ses agissements sont désormais connus de tous suite à la tornade médiatique #MeToo qui a heureusement déferlé sur lui et causé sa chute. Le fait de ne pas citer explicitement le nom d'Harvey Weinstein est bien sûr une volonté d'élargir le propos à toute une industrie hollywoodienne ayant encore pas mal de choses à se reprocher mais l'ombre de l'ogre est bel et bien là, omniprésente par les allusions qui lui sont faites et, surtout par le poids permanent qu'elle représente sur les frêles épaules de son assistante Jane (excellente Julia Garner), héroïne de ce premier long-métrage de Kitty Green. Venue du monde du documentaire, la réalisatrice-scénariste fait le choix de se centrer sur une seule journée de Jane au service du monstre, une belle idée pour nous immerger au plus près du quotidien dans laquelle se camoufle le prédateur mais aussi forcément un peu risquée par les limites narratives qu'elle peut engendrer vis-à-vis d'un tel sujet.

    L'existence de Jane nous est présentée comme complètement dévouée au monstre. Première à arriver dans les locaux, elle ne vit ensuite que dans la solitude de remplir un lot de tâches ingrates et dégradantes afin d'assurer le confort des pontes de la société. Si l'on excepte un rapide échange poli avec ses collègues les plus proches (physiquement parlant), la jeune femme n'existera en tant qu'individu que lors d'un bref appel personnel pour la ramener à un semblant d'intimité. Le reste du temps, le peu d'étincelles animant Jane sera relié par un cordon ombilical imaginaire au monstre dans le seul but de lui apporter une entière satisfaction.
    D'ailleurs, comme celui-ci passe la plupart de son temps à affûter sa fonction première de prédateur, il se décharge d'absolument tous les aspects les plus normaux, humains et professionnels de sa vie sur son assistante. En se focalisant sur Jane, le film nous invite en réalité à étudier au plus près le fonctionnement de l'ogre tant l'assistante a un rôle de tampon entre ce qu'il est intrinsèquement et son apparence extérieure.
    À ses yeux, elle n'est qu'un instrument qu'il essore jusqu'au néant pour son propre bien-être. En ayant manipulé ses rêves de devenir productrice, il s'est assuré une emprise totale sur Jane et, gare à elle si elle ne le contente pas, un déferlement de colère injurieuse par téléphone viendra achever de la briser psychologiquement pour lui rappeler sont statut insignifiant ! Dans ces instants où elle sombre encore un peu plus, il ne lui reste alors plus qu'à faire ses excuses, elles-mêmes dictées par ses deux collègues (hommes) bien conscients du système et des mots à utiliser pour calmer temporairement la bête enragée du grand bureau d'à côté.

    Et il y a bien sûr toutes ces aspirantes actrices qui vont-et-viennent dans l'entreprise, si aveuglées par leurs rêves naïfs de célébrité qu'elles n'ont pas conscience de rentrer volontairement dans la tanière de leur bourreau. Jane les observe, sans doute au fait de leur sort depuis un bon moment, mais reste impuissante comme tous les autres employés qui ont accepté de nourrir le monstre par leur silence sur ses actes. Cependant, lorsque Jane va croiser la route d'une bien trop jeune provinciale servie sur un plateau à son patron, ce sera l'acte répugnant de trop, celui qui va la décider à tenter de faire bouger les choses...
    Cet élan de courage débouchera sur la meilleure séquence de "The Assistant", une simple conversation dans un bureau mais à la portée complètement hallucinante pour démontrer à quel point un prédateur aussi puissant garde un contrôle absolu à tous les niveaux. À travers elle, on comprendra ainsi pourquoi l'immobilisme autour du secret (à peine voilée de surcroît) de ses agissements a pu s'installer et durer au fil des années.
    On ressortira de ce moment capital du film aussi révoltée que son héroïne, seule maillon de la chaîne à avoir tenté réellement de la briser sans avoir les outils pour le faire. Dès lors, le fatalisme inamovible de la situation emportera sa rage contenue et nous laissera à ses côtés continuer d'être témoin de l'insupportable pour assurer sa propre survie...

    Comme on l'évoquait plus haut, le choix de se fixer sur une unique journée face à un scandale aux conséquences aussi énormes est de fait un brin frustrant quand au potentiel à en tirer, "The Assistant" ne sera probablement pas le film incontournable issue de l'affaire Weinstein à cause de cela.
    De plus, on pourra comprendre que le caractère austère (mais réaliste) véhiculé par le court-terme d'une vie d'employé somme toute banale la majorité du film risque de rebuter une certaine partie du public pour qui "The Assistant" se révélera très vite ennuyeux, d'autant plus le film se fixe sur des choses aujourd'hui mises au grand jour.
    Toutefois, si "The Assistant" prend bien la forme d'un état du lieu du système mis en place par Weinstein, il choisit de le faire par un cheminement d'oppression psychologique aussi glaçant que passionnant à travers le "simple" quotidien de cette employée. Et c'est peut-être là sa plus grande force : inscrire l'ignominie de son monstre dans la normalité d'une réalité qu'il a bien trop longtemps utilisé comme couverture...
    Audrey L
    Audrey L

    632 abonnés 2 580 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 septembre 2020
    "Une femme qui fait des photocopies pendant une heure", voici comment la grande majorité des spectateurs de ce Festival de Deauville a décrit The Assistant. On ne peut pas vraiment leur donner tort, lorsque le film consiste en une mise en scène presque documentaire sur le quotidien d'une secrétaire d'agence de communication, mais il faudra alors plutôt voir le film comme une esthétique du vide (amateurs de Marguerite Duras, bien le bonjour à vous !) qui met en avant les gestes de tous les jours, communs à la plupart des travailleurs (on s'y reconnaît facilement). On pense alors au beau film Paterson (2016) qui magnifiait déjà ce quotidien factuel mais si poétique avec cette même mise en scène de l'esthétique du vide, et n'avait pas tant attiré les foudres que cette nouvelle version. On remarquera tout de même la récompense ("étonnante") du Prix de la Mise en Scène... Surtout que le discours du MeToo (les femmes qui se soulèvent contre les oppressions des hommes) est plutôt discret, passe sans mal et évite les gros sabots de quelques autres films sur le sujet des attouchements des femmes par leur patron (tel le plaisant Scandal l'année dernière, qui manquait simplement de finesse et défendait son sujet à coups d'uppercuts scénaristiques). La jeune Julie Garner convainc dans son rôle, il est assez facile de s'identifier à son personnage négligé par sa propre entreprise et ses collègues (bienheureux ceux à qui cela n'est jamais arrivé !), et l'impossibilité de la dénonciation des attouchements est un thème toujours bon à souligner si l'on veut faire progresser les mentalités. Les parents enthousiastes au point de faire culpabiliser leur fille si elle avoue que son métier n'est finalement pas si rose que prévu, les RH qui n'écoutent rien à sa déposition et font tout pour mettre la poussière sous le tapis, le patron qui la menace sans cesse de licenciement, tout est fait pour que l'on se rende compte de l'impasse sociale dans laquelle ces femmes de l'ombre se trouvent. Malgré la lenteur des séquences et quelques plans qui durent trop, The Assistant se pare d'une mise en scène basée sur l'esthétique du vide qui permet à son sujet polémique de passer sans grand discours pompeux et avec plus de réalisme que prévu. Si vous êtes patient (testez Paterson pour le savoir), ce drame s'offre humblement à vous.
    Jorik V
    Jorik V

    1 267 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 février 2020
    Voilà un film qui a majoritairement encensé dans tous les festivals où il a été diffusé et dont on comprend qu’il peut plaire à une certaine élite de la critique cinéma. Mais sans vouloir généraliser ou jeter l’opprobre sur un type de cinéma particulier, il ne faut cependant pas oublier que le septième art a certes vocation à faire réfléchir mais aussi, et en premier lieu, à divertir. Et lorsque c’est les deux, c’est encore mieux. Ici, même si on peut trouver des qualités intellectuelles certaines à « L’Assistante » tout comme un parallèle sociétal raccord avec l’actualité assez intéressant, il faut avouer que cela reste un long-métrage profondément rébarbatif. Et que l’on s’y ennuie copieusement. Et si le but était de nous faire ressentir le labeur et la souffrance au travail de cette jeune assistante, c’est au moins réussi sur ce versant-là.



    Si Julia Garner est impeccable en employée insidieusement exploitée et moralement abusée, nous faisant tout à fait ressentir le mal-être et les doutes du personnage par un jeu sobre et constitué d’expressions et attitudes infimes mais révélatrices, le reste de « L’Assistante » n’est pas du même acabit. Le long-métrage de Kitty Green a pour lui le fait d’être très court, limitant l’ennui. Car le postulat est bien trop léger pour passionner ou même faire tenir le spectateur au-delà puisqu’il s’agit d’assister à la journée type d’une assistante dans un bureau de production cinéma new-yorkais. Ce qui veut dire rien de bien passionnant, entre photocopies, cafés et téléphone. Et cela constitue les deux tiers du film! Une œuvre qui confond minimalisme (un peu comme un certain cinéma asiatique) avec austérité (comme certaines œuvres scandinaves comme l’aberrante Palme d’or 2016 « The Square »). Tout est répétitif et plat et on se demande régulièrement quand le film va commencer.



    Le sujet en filigrane est bien plus intéressant puisqu’on sent clairement l’influence voire l’inspiration avec l’affaire Weinstein au vu du contexte. Et, plus largement, un film qui surfe sur la vague féministe #me too. Hors, si cela est un gage social et contemporain louable, c’est montré de manière bien trop suggestive et épurée pour qu’on en vienne à être captivé. A chercher l’anti-spectaculaire à tout prix, Kitty Green s’est fourvoyé dans l’abscons et la posture d’auteur car rares sont les moments vraiment édifiants envers ce thème. Un thème qui méritait plus de punch. On préfèrera donc largement le récent « Scandale », bien plus éloquent. On note néanmoins deux bonnes idées. La première est de ne jamais montrer le patron du bureau, ni de vraiment l’entendre, juste de se contenter d’apprécier les réactions de ses collaborateurs envers son comportement, couvert pas une certaine loi du silence. La seconde et de rendre le milieu de la production cinéma bien moins glamour que dans l’inconscient général mais de manière peut-être trop poussive, trop froide et triste. « L’Assistante » aurait pu être passionnant, il est juste laborieux et ascétique.



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    Mélany T
    Mélany T

    31 abonnés 560 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 2 mai 2021
    La mise en scène est belle, intelligente et travaillée, le récit subtil, prenant, d'une douceur violente, l'ingénieux hors champ rendant le tout encore plus fort. L'ensemble brillant nous laisse parfaitement entrevoir les mécanismes du patriarcat, de la domination et de la silentiation de ses abus.
    Hotinhere
    Hotinhere

    547 abonnés 4 954 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 31 août 2022
    Un film troublant sur la loi du silence durant les années Weinstein, mais montré de manière trop suggestive et manquant d'intensité pour réellement captiver, malgré l'interprétation convaincante de Julia Garner en assistante exploitée et dénigrée.
    Alice025
    Alice025

    1 663 abonnés 1 364 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 septembre 2020
    Bon sujet mais qui n'est pas assez exploité en profondeur à mon goût. On comprend les tâches ingrates que Jane se tape à longueur de journée et les abus qui se font dans l'entreprise, mais l'histoire se concentre trop sur le boulot de Jane et pas assez sur la dénonciation d'abus. Peut mieux faire.

    http://cinephile-critique.over-blog.com
    Dois-Je Le voir ?
    Dois-Je Le voir ?

    352 abonnés 1 787 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 8 novembre 2020
    J’ai trouvé ce drame pas terrible. Malgré sa thématique intéressante, il est relativement plat. Il ne dure pourtant pas longtemps (1h25), mais son contenu reste pauvre, et il passe donc lentement. Concrètement, il ne se déroule pas grand-chose. Sur le papier, je trouvais cela intéressant de se pencher sur le quotidien d’une femme de l’ombre, observant les coulisses peu relisant du métier. Elle voit tout et entend tout ce qui a du potentiel. Seulement voilà, tout va être condensé sur une journée, ce qui empêche de développer la moindre intrigue. Il va avoir la tentative de surfer sur la polémique Harvey Weinstein, mais ça va rester beaucoup trop vague pour déclencher quelque chose. Cela interpelle mais sans plus. Dommage car avec plus de percutant, cela aurait pu faire mouche. Il manque un petit moment fort pour marquer les esprits. Surtout que le personnage de Jane a l’air totalement à l’Ouest. Julia Garner nous livre une belle performance pourtant. Elle fait son possible pour rendre son personnage attachant, mais voilà quand il n’y a pas matière c’est difficile. La façon injuste dont elle est traitée m’a par contre bien plut, je dois le reconnaitre. Dans ces rares passages de conflit, où elle est en position de faiblesse, j’ai ressenti de la compassion pour elle. Mais là encore, un axe pas assez creusé pour émouvoir.
    Brigitte B.
    Brigitte B.

    6 abonnés 30 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 décembre 2021
    La mise en scène est belle, intelligente et travaillée, le récit subtil, prenant, d'une douceur violente, l'ingénieux hors champ rendant le tout encore plus fort. L'ensemble brillant nous laisse parfaitement entrevoir les mécanismes du patriarcat, de la domination et de la silentiation de ses abus.
    Serge_la
    Serge_la

    7 abonnés 724 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 juin 2021
    J'ai trouvé ce film un peu raide. La pauvre fille est sous-estimée et surmenée à la limite de la crédibilité du film. Elle est aussi un peu démodée dans le mauvais sens. Très bien joué mais pas crédible pour moi.
    KrioxFear
    KrioxFear

    3 abonnés 11 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 10 août 2020
    Un trailer très rythmé qui ne reflète en rien la réalité du film. Ce film est lent et mou. J'ai cru pendant un moment que j'allais avoir droit à l'entièreté de sa journée de travail. Je comprends ce qui est mis en avant dans le film c'est très dur de ressentir de la compassion pour cette actrice qui est plus une tête à claques. Il n'y a aucune relation entre les personnages, aucun but, rien. Autant regarder un reportage d'une journée de travail de secrétaire je suis persuadé que c'est plus intéressant. Ca ne me dérange pas que ce genre de film existe mais vraiment je ne comprends pas l'intérêt de faire une bande annonce du genre à part induire en erreur les spectateurs.
    mathieu leblanc
    mathieu leblanc

    1 abonné 10 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 mai 2024
    Une écriture minimaliste qui se fait insidieuse. Nous entraînant plan à plan - de glissement en glissement - vers cette noyade qu'est la relation toxique au travail. Où un mot, un regard, un mail a le tranchant d'un seppuku. Chronique d'un renoncement qui a l'intelligence de nous faire autant témoin que complice... Et puis y a pas que dans Succession que Matthew Macfayden est génial.
    Jean-Michel V
    Jean-Michel V

    2 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 19 novembre 2020
    L'assistante est troublée par l'ambiance et les "non dits" dans les bureaux du magnat du cinéma Harvey Weinstein.
    Voilà, tout est dit ! Pas de musique, pas d'action, pas de scénario, pas de conclusion, pas de rêve... Juste un vague à l'âme très bien joué dans un film minimaliste où le coté sulfureux du héro (que l'on ne verra pas) est tout en suggestions. Certains aimeront cette sobriété, moi pas !
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