Vingt ans après qu'il y a trahi un grand nombre de résistants, un homme revient à Bordeaux, sous un autre nom et transformé par la chirurgie esthétique. Pour quelle raison? et pourquoi parmi ceux que, précisément, il a trahis.
Tel quel, le sujet est plein de promesses et laisse envisager un drame fort tant d'un point de vue émotionnel et humain que moral ou intellectuel. Il se propose de traiter de l'oubli, qu'il s'agisse de celui du traître (autre époque, autre identité, autre visage) que celui de l'entourage d'une de ses victimes.
Hélas, l'approche et le style-même de Cayrol et Durand, entres Resnais et la Nouvelle Vague, sont aussi insupportables qu'approximatifs. Les auteurs refusent l'émotion, hormis dans la dernière scène où
Bruno Capri (Piccoli), démasqué, est traqué par une foule vengeresse,
et leurs personnages sont comme des robots exprimant au second degré un propos affecté, obscurément implicite, plus cérébral qu'affectif ou que simplement humain. Le thème du film est crypté par des poses artificielles, des dialogues évasifs. On renonce vite à découvrir le sens de la relation entre chacun des personnages tant la mise en scène, médiocre, autant que l'est la direction d'acteurs, nous en décourage.