Mea culpa : ne visionnant jamais de téléfilms, a fortiori français, leur médiocrité faisant office de repoussoir systématique, j'avais décidé de ne pas regarder celui-ci - d'où mon unique remarque d'il y a un mois sur ce site, qui s'en tenait à louer la beauté du divin Maxence et péchait donc par son arbitraire.
Pour la première fois en un quart de siècle, je me suis laissée aller à la curiosité, parce que le sujet des amours des femmes avec de jeunes hommes ne m'est pas indifférent.
Précisons d'emblée que les deux acteurs principaux jouent bien, et que les "méchants", dans ce film, ne sont pas ceux qu'on croit.
Par ailleurs, contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là, cette histoire est fort plausible. D'abord parce que l'époux est si terne que l'on comprend que l'héroïne (Breitman, au passage, porte bien ses 60 ans, quoiqu'elle soit supposée n'en avoir que 50 dans le scénario) soit séduite par un homme plus jeune et de surcroît magnifique ; ensuite parce qu'il n'est écrit nulle part que l'attirance sexuelle des femmes doive naturellement se porter sur des hommes de leur âge ou plus vieux : plus elles s'émanciperont, plus elles seront attirées, à l'instar des hommes, par la jeunesse. C'est une appétence des plus saine.
L'héroïne vit pleinement cet amour et elle a bien raison. D'ailleurs le personnage d'Hugo, qu'on nous présente au départ comme un voyou, s'avère in fine un jeune homme plus perdu que dangereux, dévoué à sa famille, en premier lieu à sa mère handicapée victime de violences conjugales (un flash-back nous renseigne sur la vilenie du père), et donc digne d'amour. Ce n'est pas un hasard si Catherine, à la fin,
le protégera au prix de sa vie de la balle tirée par son fils
- lequel se révèle violent et lâche, puisque, non content de régenter la vie amoureuse de sa mère, il tuera la soeur d'Hugo après l'avoir brutalisée, mais suppliera son père (tout aussi lâche) de n'en rien dire à la police.
Parlons du mari justement : un être insipide, sans beauté, sans originalité d'aucune sorte, l'homme sans qualités par excellence, qui trompe son épouse avec la meilleure amie de celle-ci mais qui - refrain connu - ne tolère pas qu'elle lui soit infidèle.
Loin donc d'incarner le malheur qui frappera une innocente et traditionnelle famille bourgeoise, Hugo en révèle les hypocrisies, les mensonges et la précarité fondamentale. Et sort auréolé, tout comme Catherine, d'une gloire angélique, tandis que le père et le fils sont, eux, renvoyés à leur parfaite nullité.