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velocio
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3,0
Publiée le 6 décembre 2019
Ivete Lucas et Patrick Bresnan ont l'habitude de travailler ensemble et, jusqu'à présent, ils avaient réalisé plusieurs court-métrages, tous dans le genre documentaire. "Pahokee, une jeunesse américaine" est leur premier long métrage et c'est également un documentaire. Un documentaire qui filme de façon chronologique une année scolaire dans le lycée d'une petite ville de Floride. Pas d'interview, pas de voix-off, juste ce qu'ont filmé au jour le jour les 2 réalisateurs plus des images filmées par des lycéens sur leur téléphone portable. La vie de ce lycée tourne beaucoup autour du sport, en l'occurrence le football américain. On remarque beaucoup d'obésité parmi les élèves. On remarque aussi les très nombreuses références à dieu : des remerciements, des "si dieu le veut". Une scène s'avère particulièrement émouvante, lorsque la fille d'émigrés mexicains fait, en public, le résumé de son existence lors d'une remise de diplôme. Au final, "Pahokee, une jeunesse américaine" donne une vision particulière et intéressante des Etats-Unis d'aujourd'hui.
Comptant six mille habitants à peine, située en Floride dans le nord des Everglades, Pahokee est une bourgade sans caractère, paupérisée par la crise de l’agriculture et l’appauvrissement des sols, majoritairement peuplée de Noirs-américains et d’immigrés hispaniques. Ivete Lucas et Patrick Bresnan, deux documentaristes formés à l’école du court-métrage, y ont planté leur caméra pour y suivre les élèves de terminale durant leur dernière année de lycée. Ils n’ont pas filmé les cours, mais les rites de passage qui scandent cette année charnière : les matches de l’équipe de football américain, l’élection de la reine de beauté du lycée, la cérémonie de remise des diplômes, le bal de promo, etc.
Frederick Wiseman ("Ex Libris", "In Jackson Heights"…) fait des émules. L’immense réalisateur américain a créé un style : le documentaire non interventionniste, sans voix off ni sous-titre où la seule mise en scène est censée suffire à donner du sens au propos.
Lucas & Bresnan marchent sur ses traces. Il s’agit pour eux toutefois moins de réaliser une radioscopie de l’Amérique profonde – comme "Monrovia, Indiana" en avait l’ambition – ou de brosser une étude en coupe de la jeunesse américaine – comme le sous-tire français inutilement explicatif prétend l’annoncer – que de raconter des rites. Des rites typiquement américains – et pour nous, spectateurs d’outre-Atlantique, terriblement exotiques – qui scandent la vie lycéenne.
Lucas & Bresnan embrassent le parti d’ignorer l’arrière plan social et économique de la ville où ils posent leur caméra. On ne saura rien ou presque de ses paysages sans caractère, du sous-emploi qui la mine, de la guerre des gangs qui s’y livre, si ce n’est en assistant en temps réel à un règlement de compte qui laissera un mort sur le bitume.
Ils préfèrent s’intéresser à ces moments clés, et volontairement festifs, de l’année de terminale. Ils ont pour nous un charme un peu ridicule. Quoi de plus kitsch que ces jeunes filles à peine majeures déguisées en starlettes, outrancièrement maquillées, juchées sur de hauts talons vertigineux ?
Pour donner corps à leur propos, les réalisateurs ont choisi de suivre plus spécifiquement quatre personnes, deux filles et deux garçons : Na’Kerria, la dauphine malheureuse de l’élection de la reine de beauté, Jocabed, une jeune Mexicaine de la deuxième génération dure à la tâche, BJ, un jeune Afro-américain qui rêve de devenir une star du football américain et Junior, le percussionniste virtuose de la fanfare, dont l’échec scolaire et la naissance d’un enfant semblent compromettre l’avenir.
Le procédé est un peu racoleur. Pas sûr qu’il soit conforme aux exigeants préceptes wisemaniens. Mais il est diablement efficace. Car on s’attache à chacun d’entre eux. Et, sauf à avoir un cœur de pierre, on verse une larme en écoutant le discours de fin d’année de Jocabed devant ses parents et ses grands-parents.
De très belles images. Une jeunesse pétillante, et très touchante. On y retrouve tout ce qui caractérise les US, sans artifice et juste, il faut une suite !
J'aime voir comment se passe la vie à l'autre bout du monde. Telle était ma seule raison d'aller voir Pahokee. Et j'ai vu comment se passait la vie de lycéens dans une petite ville du sud des USA. Ça m'a plu. Le football, le bal de fin d'année, les pom pom girls, les vœux pour différentes facs : cela rythme le quotidien des adolescents qu'on voit. J'étais très surprise de voir dans le film que le lycée comportait 95% dafro américains, et quelques personnes originaires d'Amérique du Sud ou d'Asie. Lors du match contre une école, où on voit que l'équipe adverse est en majorité blanche, on est saisi. Le film sera peut être critiqué parce qu'il y a trop de scènes de matchs de foot. Mais je crois que cela ajoute au réalisme car le football américain prend une grande place dans leur vie, il est important que cela soit retranscrit à l'écran. L'organisation entière du lycée autour du football m'a éberluée : la musique avec les élèves, les filles qui sont cheerleaders... Ce film m'a donné à voir par une fenêtre un an du quotidien de lycéens de Floride, et je suis reconnaissante.