Tendres ne sont pas toutes les nuits, n'en déplaise à ce bon vieux Scott Fitzgerald. Elles sont aussi source d'angoisse, surtout dans un bled minable du Nouveau Mexique, quand vous êtes parmi les quelques rares êtres vivants qui ne se sont pas rendus au premier match de basket de la saison de l'équipe locale. D'emblée, The Vast of Night présente toutes les caractéristiques d'un épisode de la Quatrième dimension, nourri des hallucinations ou paranoïas d'une autre époque (nous en avons des différentes aujourd'hui, quoique), autour d'une possible invasion soviétique ou mieux, de sournois extra-terrestres. L'amateur de SF et même le cinéphile tout court ne demande pas davantage que de jouer le jeu, ayant compris illico qu'il s'agit d'un exercice de style, à la manière de, avec ses limites narratives et son utilisation ingénieuse d'un univers sonore qui prend le pas, et ce n'est pas si courant, sur l'image : magnétophone, radio, téléphone et langage, bien entendu, tout ce qui est communication a droit de cité. Andrew Patterson est manifestement très doué et a de l'avenir, si l'on en juge d'après ce qu'il réussit à faire, en matière de tension et de divertissement, à partir de moyens financiers aussi minuscules et avec un scénario plutôt rabougri. Mais le film joue sur l'imagination et les fantasmes autour des "gens dans le ciel", pouvant être vu également comme une sorte de satire ludique du genre dans lequel il s'inscrit, a priori. The Vast of Night, à la réflexion, a aussi cet aspect-là de parodie, visible notamment par ses deux personnages principaux, difficiles à prendre au sérieux par leur côté caricatural. Ce n'est évidemment pas la pépite claironnée par quelques média en mal de sensations fortes mais une amusante mise en abîme des éternels aspirations/peurs d'humains atrocement seuls dans le vaste univers.