Voilà une bonne petite surprise venue de nulle part. « The Vast of night » correspond tout à fait à l’adage selon lequel le peu de moyens permet de grandes idées et parfois, comme c’est le cas ici, à des réussites plus ou moins affirmées et évidentes. On sent le budget microscopique, un tournage rapide et une production confidentielle loin de toute influence des studios. Et c’est ce qui fait la beauté du geste, car ce premier film d’Andrew Patterson transpire par tous ces grains de pellicule l’amour du cinéma. Très référencé, il a beau être minuscule par son budget, il est immense par ses idées et sa conception, se transformant en un hommage pertinent et maîtrisé à tout un pan du cinéma de genre des années 50 à 70 voire 80. Comme si ce film était le fantôme empli de nostalgie des productions de science-fiction d’antan. Et on convoque ici tout un imaginaire foisonnant et bien connu dans le domaine, de la zone 51 à Roswell en passant par les projets militaires secrets.
En effet, le long-métrage ne s’en cache pas, il s’inspire fortement des épisodes de la célèbre série d’époque « La Quatrième dimension ». A ce titre, il propose dès ses premières images une immersion dans un univers similaire puisque nous traversons littéralement l’écran de télévision. Mais on pense aussi beaucoup à des séries plus récentes comme « Au-delà du réel » et bien sûr « X-Files ». Enfin, du côté cinéma c’est bien sûr à « Rencontres du troisième type » de Spielberg que « The Vast of night » peut être assimilé facilement et avec évidence. Et, plus récemment, à « Midnight Special » de Jeff Nichols qui s’inspirait (ou rendait hommage) lui aussi… au film culte de Spielberg. Toutes ces références sont pleinement digérées, actualisées et remises dans un contexte rétro du meilleur effet ce qui évite le plagiat. Patterson reste humble avec son petit film mais s’ouvre une propre voie passionnante même si elle n’est pas dénuée de défauts. Comme dans beaucoup de premiers essais.
Le premier quart d’heure est en effet quelque peu laborieux. Si techniquement le plan-séquence introductif est brillant, le flot de dialogues ininterrompus, le nombre de noms cités et la pléthore d’enjeux éventuels effleurés nous perdent et ne nous cueille pas vraiment de prime abord. C’est peut-être pour perdre le spectateur, mais une fois cette partie finie et que l’intrigue de « The Vast of night » se pose on est davantage conquis. Dès lors, notre intérêt ne va plus se démentir face à cette histoire de signaux étranges sur les ondes menant vers une science-fiction certes désuète, proche de la magie, mais totalement captivante et pleine de charme. C’est très bavard mais on est cloué aux lèvres des personnages au fur et à mesure que le film avance, désireux de savoir de quoi il retourne. Et la tension monte crescendo et de manière exponentielle jusqu’à un final grandiose quoiqu’attendu. Au-delà de l’originalité pour notre époque d’un tel film, la maestria technique de Patterson (ce plan-séquence en milieu de bobine qui traverse à ras du sol le petit village où se déroule l’action est dément sans être une démonstration de talent gênante) montre que ce jeune homme a du talent à revendre et donne envie de voir la suite. Une bonne petite surprise pleine d’amour pour le cinéma, d’idées et de candeur.
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