Passer de "States Of Grace", à "Shang-Chi" est un peu décevant. Daniel Cretton avait pourtant commencé sa carrière avec brio. Ses 3 premiers films, et surtout "Sates Of Grace", s'apparentent à du cinéma d'auteur. Un budget très modeste, un scénario ambitieux, alliant poésie, et réflexions sociétales, avec des dialogues très travaillés, et d'excellents acteurs encore, peu connus, à l'époque. Grâce au succès retentissant de ses 1ers pas, le jeune cinéaste américain s'impose à Hollywood, et porte des projets plus militants, avec "Just Mercy". Et puis, paf ! , il tombe dans un commercial ostentatoire, avec ce "Shang Chi". Certes, le projet n'est, au départ, pas intéressant. Hélas, il vire, près de 20 minutes après, à un mélange maladroit de Tigres et Dragons et de Spiderman. L'originalité du début vient que le héros a des traits que n'ont pas habituellement les super héros. Il est chinois, alors que les super héros sont en général occidentaux, son job est extrêmement subalterne, ce que les super héros n'ont pas (étudiant, ingénieur, milliardaire, reporter, etc...) , il refuse obstinément d'assumer son destin de super héros, et il est associé à un "faire-valoir" particulièrement talentueux, en la personne de Nora Lum, alias Awkwafina. L'humour, maintenant légendaire de la multi-talentueuse comédienne, est omniprésent tout au long de l'intrigue, et Dieu merci, il nous préserve souvent de l'ennuie. Car tiraillé entre deux cahiers des charges très différents culturellement, le film a du mal à trouver un bon équilibre et pédale dans la semoule. Ce tiraillement s'illustre par la présence d'interminables scènes de bagarres entre le super héros et des dragons volants, reflétant parfaitement ce contentieux qu'il devait régner entre des producteurs chinois qui ne ne pouvaient pas s'empêcher d'imposer ces incontournables éléments du genre fantastique héroïque chinois, et la présence de bastons tout aussi interminables, mais cadrant plus avec "le réalisme" des super héros américains. Le résultat de ce tiraillement est que pendant tout ce temps, nous, cinéphiles, normalement constitués, on s'emmerde ferme.