Si Hollywood à tenté pendant un temps de cacher au sein de ces films son envie de conquérir depuis les années 2010 un marché chinois de plus en plus prolifique pour les bourses américaines, il devient nécessaire et plus qu'évident de constater que le pays de l'Oncle Sam ne se cache plus de son envie de draguer un marché unique et gigantesque à la fois au sein de ces films. Et à ce petit jeu de dating boursier entre les studios et le peuple chinois, Disney est celui qui a le plus mit les gants jusqu'au fond du cambouis.
Et chez la compagnie qui règne sur une grande partie du cinéma mainstream, on s'y prend de plusieurs façons: certains auront par exemple vu des rumeurs // confirmations indiquant que le final de Star Wars 9 qu'avait J.J en tête a été drastiquement modifié car le sujet des fantômes est touchy pour le marché chinois, ce qui est un comble pour une saga qui dès l'empire contre-attaque incluait dans sa mythologie les fantômes de force. De manière plus évidente, "Shang-Chi" se présente à nous en ce mois de septembre 2021 comme le troisième essai de l'année de la part de Disney pour pleinement faire battre le coeur de la chine, après un "Mulan" que personne n'aura vraiment validé, et un "Raya" plutôt apprécié mais passé un peu innapercu en VOD sur Disney + face à "Luca" sur le même service, et face au retour de Marvel avec "Black Widow", comme quoi à tout possédé, les serpents de la firme finisse par mordre mutuellement la queue de la souris.
"Shang-Chi" fait enfin démarrer correctement une phase 3 qui avait eu un départ un peu mou avec le flash-back "Black Widow" qui pour diverses raisons n'aura pas été un moment de gloire pour Marvel Studios et Disney. Avec ce nouveau héros, le premier héros asiatique important du MCU et le premier super-héros nouveau qu'on nous présente depuis "Captain Marvel", il y a quand même un petit événement autour du film et ... Je dois le dire, mais oui, j'ai bien aimé "Shang-Chi".
En terme de narration, on est sur quelque chose d'assez simple, puisque c'est la énième quête initiatique du MCU pour qu'un héros ne se sachant pas un héros accepte d'être un héros, un exercice présent depuis le film genèse de l'univers, "Iron Man", et qui est revenu à plusieurs reprises nous présenter de nouveaux personnages destinés à rejoindre le roaster Avengers. La formule est donc connue, la technique aussi puisque ce film est dirigé visuellement comme tout les autres films Marvel, toujours dans ce souci d'union entre les films, et la drague envers la chine se voit comme le nez au milieu de la figure.
Ajoutez que le film est sorti au moment où la deuxième très belle bande annonce des "Eternels" toute juste sortie était visuellement bien plus vendeuse que l'aventure de notre nouveau héros, mais surtout à peine quelques jours après que la hype envers "Spider-Man No Way Home" est devenu tout simplement gargantuesque avec la première bande-annonce. Autant dire que pour "Shang-Chi", le départ était plus que bancal, et j'avais des attentes mitigées en entrant dans la salle.
Et pourtant, oui, j'ai bien aimé le film. J'ai même passé un moment très plaisant, sur lequel je ne m'étendrais pas pendant des heures pour vous laisser quelques surprises si vous ne l'avez pas encore vu. Donc, allons à l'essentiel.
À travers sa quête, marquée par un déséquilibre entre son héritage familial et une incertitude sur ce qu'il souhaite faire de sa vie, Shang-Chi va se construire et se reconstruire à travers un panel de destinations et de personnages hauts-en-couleurs, notamment sa meilleure amie Katie qui est l'un des meilleurs éléments du film, et va apprendre à devenir un héros, un vrai. La structure est donc classique, voir plus que déjà-vu, mais la confrontation entre le fils et son père, entre l'homme et son héritage, entre les états-unis où il a grandit et la Chine qu'il va redécouvrir, est plus que plaisant. On ne peut pas vraiment dire qu'il ne se passe rien durant le film, bien au contraire, même si encore une fois, ce sont parfois des répétitions d'anciens films qu'on a déjà vu, de films Marvel avant tout.
Et même si on ne sort pas surpris de quoi que ce soit à la fin du film, je dois admettre que le voyage était plutôt plaisant. La variété des décors, souvent pensés pour rendre hommage au cinéma hong-kongais des années 60-70 jusqu'à nos jours marche bien. Parce que "Shang-Chi" c'est ça, un film qui marche bien, notamment dans ses combats très dynamiques et son utilisation du folklore chinois.
On a vraiment l'impression concernant ce dernier point qu'on a donné le ABC de la culture mythologique chinoise aux équipes du film et qu'on leur a demandé de tout mettre, ce qui créé un joyeux bordel très cool à voir durant l'acte III dans lequel j'étais investi à 100%. Aussi surement car sans avoir inventé la roue, ce final utilise chaque élément bien mit en place durant le film pour que l'arc de chaque personnage atteigne une conclusion satisfaisante. Cela étant en plus accentué par un spectacle vfx qui pousse les leviers à fond sans se retenir.
Si la formule de l'humour Marvel plombe encore et toujours certains moments dramatiques du film, l'ensemble m'a donné un bon sourire et ne m'a jamais fait regretter d'être dans la salle. "Shang-Chi" suit le cahier des charges, mais en profite pour s'éclater, notamment avec certains dialogues particulièrement drôles et pas trop lourds. Le film marche bien, et c'est déjà un bon point en soit. Certes, il aurait encore plus gagné à sortir du formatage Marvel habituel qui commence à devenir fatigant à la longue, mais le voyage reste pour autant plaisant, et je n'aurais pas été le premier à y croire à ça.
Porté par un casting solide et une utilisation du mythos chinois qui est trop visible, mais qui reste bien utilisé, "Shang-Chi" profite d'explorer de nouvelles cultures pour enfin proposer un tant soit peu de neuf. Ce n'est pourtant que le début, comme nous l'indique les deux scènes post génériques un peu pauvre en intérêt, et il faut encore que la phase 3 de cet univers qui ne semble avoir aucune limite prouve sa valeur, et nous donne un intérêt à continuer de suivre tout cela après la guerre de l'infinité.