Drôle d’oiseau !
Alaina est accablée par son travail d’officier de police dans la Réserve de Pine Ridge. Elle décide de ne plus répondre à sa radio. Sa nièce, Sadie, attend son retour pendant une longue nuit, en vain. Sadie, triste, décide d’entamer son voyage avec l’aide de son grand-père. Elle s’envole dans le temps et l’espace vers l’Amérique du Sud. Elle ne regardera plus de western en noir et blanc, qui ne la représentent pas. Tout lui semble différent quand elle commence à percevoir les rêves d’autres indiens qui habitent dans la forêt. Ses conclusions sont incertaines… Les oiseaux ne parlent pas aux humains, mais si seulement nous pouvions les comprendre, ils auraient sans doute quelques vérités à nous transmettre... Si vous avez compris quelque chose au pitch du film de l’argentin Lisandro Alonso, faites-moi signe. En tout cas, ces 147 minutes ne font pas l’unanimité, le bouche à oreille semble faire son œuvre, car après un mois d’exploitation moins de 10 000 personnes – pigeons ? – ont payé un ticket pour voir ce machin. Certains parlent de chef d’œuvre hypnotique, moi je préfère parler d’ennui abyssal. Animisme et métempsychose n’y font rien.
Apparemment, 3 films bien différents en un seul. 3 films reliés plus qu’artificiellement et ça ne marche pas. Un western en noir et blanc style années 50 / 60, une nuit en compagnie d’une fliquette du Dakota et de sa fille, une ado trop mûre pour son âge et, pour couronner le tout, une très… trop longue séquence dans le petit monde des orpailleurs au fin fond de la forêt amazonienne. Dans le pitch cité plus haut on nous parle de conclusions incertaines… C’est le moins qu’on puisse en dire. Le réalisateur prétend explorer l'imaginaire rattaché aux personnages indiens. Noble ambition, mais cible ratée. Il nous dit attendre du spectateur une participation active qui doit compléter le film dans sa tête, à partir de sa propre expérience et des liens qu’il voudra bien faire. Ah bon ! J’en déduis avec amertume que je ne suis pas assez intelligent pour le cinéma d’el señor Alonso. Des questions cruciales et existentielles sont posées : Où nous mène le progrès ? À quoi la notion de progrès a-t-elle mené les natifs étatsuniens ? Est-il préférable de vivre sous un arbre, à regarder comment la lumière change au fil de la journée, ou inséré dans une certaine idée de la civilisation occidentale ? Mais pourquoi tout ce fatras à la limite du compréhensible pour tenter de répondre à ces interrogations ? C’est la question que j’ajoute à celles de ce film. Et moi non plus, je n’apporte aucune réponse qui vaille.
Côté casting, il y a une grosse arnaque. Quand on voit, inscrits en gros en haut de l’affiche, les noms de Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni, on se frotte les mains… avant de se frotter les yeux car on les aperçoit à peine, Viggo dans les scènes de western qui ouvrent ces très longues 2h et demi. Et Chiara dans deux scènes dont l’importance m’a échappé. Ajoutons Alaina Clifford, Sadie Lapointe ou Marcio Marante. Je n’avais pas vu les films précédents de ce cinéaste argentin… et je ne le regrette pas. Cette fuite vers l’au-delà, l’onirique et l’immatériel m’a prodigieusement ennuyé. Ce voyage temporel ou dimensionnel à travers les Amériques – dans le sillage d’un grand oiseau – âme (sic) mystérieux, ne m’a pas – vous l’avez sans doute compris -, pas totalement séduit ou convaincu. Amoureux de la litote, salut !