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traversay1
3 567 abonnés
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3,0
Publiée le 3 août 2016
Savoureuse adaptation du roman de Gabriel Chevallier, publié 14 ans plus tôt, et dont le toponyme entra dans la langue français. Dans cette chronique située pendant la troisième République, l'installation d'un urinoir public dans un petit village du Beaujolais est à l'origine d'une querelle féroce entre bigots et républicains. Volontiers grivois et sans nuances, le film est amusant par ses excès mêmes et son interprétation outrée (ah, Saturnin Fabre). Le Chenal des années 30 (La maison du maltais, Le dernier tournant,...) est tout de même plus intéressant.
Le film de Pierre Chenal n'a guère que le mérite de faire découvrir le fameux roman de Gabriel Chevallier à ceux qui ne l'ont pas lu. Je ne sais pas si les personnages du livre sont aussi épais dans la caricature que ceux de Chenal, mais aucun n'est drôle dans le film. Déjà, tournée en studio, cette chronique villageoise perd tout authenticité; même l'inauguration de l'urinoir, contesté et édifié au milieu de la place, moment emblématique autant qu'accessoire de la comédie, est médiocrement mise en scène. L'édicule n'a que la fonction d'effaroucher les bigotes et d'inspirer au grand Saturnin Fabre un discours sans saveur... Le réalisateur met en scène les figures pittoresques de la ruralité française et de la Troisième République à travers leur jovialité et leurs turpitudes: les piliers de bistrot contre les vieilles filles, les républicains contre le parti de la calotte, les cocus qui s'ignorent contre ceux qui s'en moquent. C'est un festival ce clichés, une profusion de personnages à peine ébauchés qui forment un comédie plus proche de la mauvaise farce que de la satire de moeurs. Les notables de Clochemerle, curé, maire, instituteur, sont mal servis par des dialogues qui manquent franchement de causticité.
Bien que fidèle au cadre d'un vieux film français de campagne, celui-ci prend énormément de libertés allant à l'encontre de sa dénonciation d'attentats à la pudeur, ce en quoi il est bien inhabituel pour l'époque. Portrait contestataire et caricatural de la machine politique, ce film a beau avoir beaucoup vieilli, il a le mérite de faire s'intéresser au livre qui l'inspire.