Un film majeur de Godard, un magnifique road -movie au désespoir jubilatoire. C’est surtout une écriture au cordeau, beaucoup d’humour, des dialogues savoureux, plein de pessimisme jubilatoire. Des scènes cultes, parmi les plus belles de l’histoire du cinéma que l’on ne peut oublier , comme l’incroyable plan séquence dans les pinèdes , poursuite amoureuse entre Anna Karina et Belmondo, en chantant « ma ligne de chance ,vs ta ligne de hanche « , jouissif , le plus beau résumé/raccourci de l’incompréhension entre l’homme et la femme, la fameuse opposition Vénus vs Mars. Bien sûr toute la séquence finale , sur cet îlot baigné de soleil magnifiquement filmé par Raoul Coutard, avec une pellicule Kodak complètement saturée de soleil, et le visage de Belmondo peint en bleu , c’est une sublime résumé de la vie . C’est probablement le plus littéraire film de Godard . Certainement aussi le film le plus Célinien de toute l’histoire du cinéma. Un « voyage au bout du soleil » , en somme , avec comme héros principal Ferdinand . D’ailleurs la lecture, par Belmondo, du livre de L.F. Céline , « Guignol’s Band » en bord de mer est une allégorie Célinienne . Il y a aussi toute cette ambiance Pieds Nickelés, grand-guignolesque , qui alterne avec des séquences plus politiques , comme le petit théâtre qui met en scène la guerre au Vietnam , avec Karina en Vietcong et Belmondo en militaire US, c’est hilarant et en même temps dramatique. Belmondo est formidable, Godard est celui qui libère complètement son jeu et le hisse au firmament des grands acteurs. Et A. Karina est délicieuse, tenant là son meilleur rôle. Un régal, qui n’a pas vieillît d’un poil, d’une modernité intemporelle.