Que dire ?
Suite d'une déjà gigantesque claque même si elle ne m'avait personnellement pas tant marqué à l'époque, qu'était "Spider-Man : Into the Spider-Verse. La barre était donc haute.
La première partie d'une histoire à raconter en deux fois, c'est ce qui'avait expliqué les producteurs avec l'annonce de ce "Spider-Man : Across the Spider-Verse" mais aussi du "Beyond the Spider-Verse" qui suivra le plus tôt possible tout en respectant des conditions de travail décentes pour les artistes, espérons-le.
Car oui, la première chose à remarquer, c'est évidemment l'extraordinaire travail graphique ici effectué. Chaque univers a un style particulier qui, s'il ne change pas toujours tout drastiquement, suffit à nous faire découvrir un nouvel univers.
5 univers, 5 styles graphiques si ce n'est plus, et un pari très réussi. Cette diversité des styles aurait pu se retourner contre eux et perdre le spectateur, mais ce n'est, de mon point de vue, pas le cas ici.
Reste que l'univers le plus décontenançant serait peut-être celui de Gwen, qui joue très clairement sur les émotions et la solitude d'un personnage perdu. Un style donc finalement très efficace.
Et par-delà ces cinq styles prédéfinis, le film se permet de s'amuser encore
(l'univers Lego, le chara design d'Hobie et surtout la Tâche qui finit en gribouillis noir et blanc vraiment perturbant, presque effrayant).
Malgré tout cela, le film réussit tous ses visuels
(à l'exception peut-être du Spider-Dino qui n'est pas très beau pour le coup, mais vu son temps d'écran on omettra ce détail).
L'histoire n'est pas non plus laissée de côté.
Certains oseront dire que Miles est trop développé,
perdant du temps par des disputes incongrues avec ses parents
. Je ne peux que contredire cette idée tant l'essence du super-héros, c'est de questionner les choix qu'on fait avec un tel pouvoir, de questionner notre vraie morale face à la capacité d'accomplir ce que l'on veut. De plus, celui-ci est encore dans l'adolescence et est torturé par sa situation, notamment en ce qui concerne sa famille, ce que fait tout Spider-Man
(c'en est presque un évènement canva !)
.
On félicitera la mise en avant de Gwen et la lumière qui oscille ici entre elle et Miles, amenant de la profondeur à ce personnage si intéressant. De manière générale, tous les personnages sont superbement caractérisés, évoluent souvent par rapport au premier film.
Au final, tous sont pareils, mais aussi si différents.
D'ailleurs, ils ont tous leur moment pour briller pour ce qu'ils sont, par un humour particulier souvent.
(Seule réserve pour Ben Reilly dont la caractérisation peut décevoir pour un personnage si profond normalement, ici tourné quelque peu au ridicule, bien que son physique exagéré digne de l'âge de bronze des comics et sa façon de penser tout haut comme si des bulles l'entouraient est un sympathique clin d'œil aux comics classiques)
Si Miguel reste assez mystérieux, on peut par contre être très agréablement surpris par la montée en puissance, assez inédite et très impressionnante, de la Tâche,
qui passe de voleur amateur ridicule à vraie menace inter-dimensionnelle.
Personnellement, son évolution est vraiment l'un des aspects du film que j'ai le plus apprécié.
La fin, pour le coup, peut être assez surprenante quand on ne sait pas que c'est une première partie, et l'on peut se sentir coupé au milieu de l'action, et même si je me suis dit au premier visionnage que la fin était longue à arriver, et que peut-être que l'on aurait pu y arriver plus vite alors, ou s'arrêter plus tôt, force est de constater que le climax fonctionne extrêmement bien et que la hype est présente en sortant.
Au second visionnage, il est assez amusant de remarquer à quel point l'image nous indique souvent ce qu'il va se passer ensuite.
Pour autant, tant tout va si vite et tant on est pris dans l'action, on se rend rarement compte de ces teasers (lors de son retour dans son univers, l'ordinateur indique Terre 42 par exemple).
Au final, Spider-Man : Across the Spider-Verse est une nouvelle claque qui se bat solidement avec son mythe fondateur de 2018, le surpassant même de peu de mon point de vue.
Un grand film d'animation, encore plus époustouflant visuellement que son premier opus (et il fallait le faire !), qui étend intelligemment son univers et use de l'humour tout en restant sérieux dans son propos. Un film somptueusement réussi qui ne souffre peut-être que de sa condition de "première partie"
nous laissant au milieu d'une histoire en cours malgré les efforts réalisés pour offrir une conclusion au film.
Après une (enfin deux du coup) si grande claque, on ne peut qu'espérer que "Beyond the Spider-Verse" sera l'apothéose de cette trilogie jusqu'ici exceptionnelle !