Le manga original de Jiro Taniguchi, véritable mine d’informations sur l’alpinisme en conditions extrêmes, est évidemment d’origine japonaise mais cette adaptation est européenne, quand bien même elle conserve avec brio l’esthétique de la bande-dessinée nippone, celle de Taniguchi ayant pour spécificité son photoréalisme et le fait d’être elle-même influencée par la ligne claire franco-belge. Reposant sur la double trame d’une enquête journalistique et d’une ascension, et sur la double disparition d’un grimpeur japonais qui s’exila au Népal après un drame, et du Britannique George Mallory, qui avait peut-être atteint le sommet de l’Everest en 1924 avant d’y disparaître, l’adaptation’ est à la fois d’une précision toute documentaire quant aux techniques, au matériel et aux pratiques de l’alpinisme de haute montagne qui y sont décrites, fidèle aux codes du récit d’aventure à l’ancienne et d’une certaine ampleur métaphysique quand il s’agit de percer le mystère de ces hommes prêts à risquer leur vie pour atteindre les premiers un sommet que d’autres atteindront à leur suite. Visuellement impressionnant, tout spécialement quand il présente des paysages de montagne, ‘Le sommet des dieux’ est une prouesse remarquable, par sa fidélité, sa réussite visuelle et sonore et la démonstration d’une capacité inédite de l’animation européenne à s’approprier fidèlement les codes de l’animation japonaise (même si le manga d’origine possédait déjà quelque chose d’hybride). Ceci dit, un minimum d’intérêt, sinon pour l’alpinisme, du moins pour la montagne, fait également partie des pré-requis nécessaires pour l’aborder. Moi qui les considère comme des anomalies, des verrues rocheuses qui, dans des pays comme l’Italie ou la France, défigurent les paysages apaisés de collines moutonnantes et de fermettes éparses , qu’il faut parfois traverser contre-coeur pour rejoindre plaines, côtes et autres endroits civilisés, c’est donc avec un certain regret que j’avoue ne pas vraiment avoir pu être de la fête.