Denis Parrot est à l’origine monteur image et infographiste. Il débute en tant que stagiaire monteur sur le film La Fille sur le pont de Patrice Leconte. Le futur cinéaste est ensuite assistant monteur sur de nombreux films de fiction et documentaires (Les jeux des nuages et de la pluie de Benjamin de Lajarte, Alan Turing, le code la vie, de Catherine Bernstein...). Il monte également de nombreux courts-métrages (Merci Mademoiselle, Julie et ses Jules...). Denis travaille en tant que chef monteur sur le long métrage Sur la trace d’Igor Rizzi de Noël Mitrani. En 2015, le technicien monte le long-métrage documentaire Move, un voyage autour du monde à travers la danse. En tant qu’infographiste, il réalise une courte séquence animée en hommage au réalisateur japonais Hayao Miyazaki, vue 3 millions de fois sur Internet. Le metteur en scène a également travaillé sur Revolting Rhymes, un film d’animation d’après Roald Dahl pour la BBC, nommé aux Oscars en 2018, et sur J’ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin. Coming Out est son premier film en tant que réalisateur.
En 2017, Denis Parrot est tombé sur une vidéo YouTube : un jeune avouait son homosexualité à sa grand-mère au téléphone et se filmait avec sa webcam. "On sentait chez lui une immense difficulté à parler, la peur de ne pas être compris ou accepté. On devinait aussi qu’il anticipait ce moment depuis des mois ou même des années. La vidéo durait dix minutes, et pendant neuf minutes, avant qu’il ne parvienne à avouer, il y avait beaucoup de silences, de phrases banales du quotidien. Cette vidéo m’a beaucoup ému, non seulement par rapport au dispositif, très simple, un peu tremblotant, mais aussi par ce qu’elle dévoilait de non-dits dans ses silences", se souvient le cinéaste. "Ensuite, j’ai vu qu’il y avait sur YouTube, non pas une ou deux vidéos de ce type, mais des milliers, provenant de différents pays. J’ai tout de suite su qu’il y avait là un sujet que je voulais traiter. Je voulais montrer à quel point le coming out, ces quelques mots prononcés aux parents, à la famille ou aux amis proches, sont un moment de tension après des mois, des années durant lesquelles ces jeunes ont tout gardé en eux, sans oser en parler."
Avant de s'attaquer au montage de son film, Denis Parrot a tout d’abord visionné plus de 1 200 vidéos de coming out sur les réseaux sociaux, mises en ligne entre 2012 et 2018, pour bien comprendre ce phénomène sur Internet et se faire une idée de ce à quoi allait ressembler le film. En parallèle, un travail de traduction a été mené pour les vidéos tournées dans une langue qu'il ne comprenait pas, mais dont il pressentait l’intérêt. "Ensuite, je me suis livré à un gros travail d’écriture pour que toutes les thématiques que je souhaitais aborder apparaissent dans le film de façon équilibrée et pertinente. J’ai considéré ces vidéos comme des images d’archives contemporaines, comme une photographie de notre époque, des années 2010. Ces vidéos n’auraient pas pu exister il y a 20 ans et elles ne seront pas les mêmes dans vingt ans. Elles s’inscrivent dans notre société, elles parlent de notre monde occidental actuel. Je voulais également que le film, par le truchement du montage, permette à ces images d’exister pleinement et durablement, qu’elles ne finissent pas enterrées sous les tombereaux de nouvelles vidéos sur YouTube", explique le cinéaste.
Denis Parrot n'a pas de parcours militant politique ou associatif, mais ce film, dit-il, est sa petite contribution pour aider à faire bouger les lignes. "Je veux susciter une prise de conscience chez les parents : votre enfant est peut-être gay, lesbienne, bi ou trans et vous l’ignorez. Vous ne l’avez pas choisi, mais votre enfant ne l’a pas choisi non plus. Ce n’est ni bien ni mal, c’est juste comme ça. Luke, un des jeunes Anglais du film, rétorque quand on lui affirme qu’il a choisi d’être gay : « Et vous, quand avez-vous choisi d’être hétéro ? ». C’est très juste de renverser la question. Personne ne choisit son identité de genre ou son orientation sexuelle. Si les parents étaient préparés à cette éventualité, les choses seraient peut-être plus faciles. Le taux de suicide des jeunes LGBT est important, le nombre de jeunes mis à la porte aussi. C’est la raison d’être de ce film, il reste beaucoup de travail à faire."