"Il n'y a plus de maman, il n'y a que Zuul !"
Dans un paysage cinématographique formaté, lissé, algorithmé dans lequel Disney, Marvel et DC comics ont tout dévoré. Dans une industrie audiovisuelle qui déconstruit sans vergogne tous les mythes, les légendes et les univers ayant pourtant fait son succès - la saga “Star Wars” en est le triste exemple - il était quasi-inespéré qu’une suite - aussi tardive et improbable soit-elle - d’un monument de la pop culture qu'est “S.O.S. Fantômes”, puisse être aussi respectueuse du matériau d’origine, puisse être aussi généreuse en références, bref, puisse être réussie. Vous en avez rêvé, et bien Jason Reitman l’a fait ! “S.O.S Fantômes : L’Héritage” est la pépite vintage du moment (avis perso). Oublions le sympathique “S.O.S. Fantômes 2”, avec Vigo (le Roi de la pomme de terre ? Et oui ! Jeu de mots très eightes) - non celui des Carpates et son slim dégoulinant, sorti en 1989, oublions la purge ectoplasmique pseudo-féministe de Paul Feig en 2016, pour nous concentrer sur le long-métrage de Jason Reitman qui se révèle être la véritable suite du film de 1984. “S.O.S. Fantômes : L’Héritage” n’est qu’une affaire de filiation - une fois n’est pas coutume, le sous-titre français du film sonne juste - d’abord dans la forme, parce que Jason Reitman est le fils d’Ivan Reitman, et ensuite dans le fond, car le cœur du récit n’est autre que les liens du sang qui font qu’une famille moderne, se voit confrontée au passé des chasseurs de fantômes, de l’un d’entre eux en particulier. En effet, Callie Spengler (Carrie Coon) - la fille d'Egon Spengler (Harold Ramis), endettée, est expulsée de son logement avec ses deux enfants, Phoebe (McKenna Grace) et Trevor (Finn Wolfhard). La petite famille n’a pas d’autres choix que de s’installer dans l'Oklahoma, dans la ferme d'Egon Spengler qui vient de mourir. Surnommé le marchand de poussière par les habitants de Summerville, Egon vivait en ermite dans une ferme entouré de champs de céréales, mais il n’avait pas quitté la combinaison de chasseur de fantômes, car le puissant démon Gozer le Sumérien n’avait jamais cessé de vouloir envahir la terre. Par un incroyable et non moins mystérieux prologue - véritable bijou spielbergien - Jason Reitman nous fait entrevoir tous les enjeux de cette haletante suite. Mené tambour battant par une horde d’excellents comédiens, à commencer par la jeune McKenna Grace en digne héritière de son illustre grand-père (la filiation, je vous dis !), et le jeune “Podcast” (Logan Kim), paranoïaque et complotiste, la version Nerd de Ray Stantz (Dan Aykroyd), le long-métrage ancré dans une ambiance année 80 très marquée - très peu d’indices laissent à penser que nous sommes en 2021 - déploie son jeu avec parcimonie. Après la tonitruante entrée en matière, Jason Reitman invite le spectateur - toute génération confondue - à découvrir ou à redécouvrir l’univers de “S.O.S. Fantômes”, au travers d’indices glanés ici et là - le détecteur d'ectoplasmes, le piège à fantômes, le cyclotron portatif - jusqu’à ce que Trevor - dans la grange en ruine de son grand-père - mette la main sur la Cadillac “Ecto-1”, le Graal perdu depuis 37 ans. À cet instant précis, l’aventure peut commencer ! Déjà presque 40 ans, que Gozer et ses sbires - le cerbère de la grande porte et le maître des clefs - investissaient un immeuble de Manhattan pour foutre le boxons à New York. Aujourd’hui, fini les grattes-ciel de “Big Apple” et le tohu-bohu de la métropole, le danger viendra d’un terril minier de l'Oklahoma, nouveau portail d’invasion de l'antédiluvienne racaille, bien décidé à remettre le couvert. Savant mélange d’action - mêlant des effets spéciaux modernes et anciens à la fois - et de réflexion sur le sens du sacrifice, de l’engagement et du poids de l'héritage familial, “S.O.S. Fantômes : L’Héritage” a su trouver le parfait équilibre scénaristique pour plaire à toutes les générations. Durant deux heures qui filent en un éclair, les jeunes spectateurs peuvent s’identifier à leurs parents qui trente-sept ans plus tôt étaient eux-mêmes des spectateurs. Le magnifique final viendra quant à lui, sceller un pacte entre la nostalgie et la découverte ! Rien à dire de plus, si ce n’est : “Merci Messieurs Reitman” !