La mode est loin d’avoir changé à Hollywood. On recycle les franchises et on repompe l’âme des années 80, dans une fausse note de nostalgie qui aura l’impact néfaste et absurde dorénavant. Il ne faudra pas s’attendre à un miracle avec ce nouvel épisode, qui galvanise par un héritage, mais qui décevra également pour les mêmes raisons. Dans la famille Reitman, on demande à Ivan de lâcher la terreur sur New York. Il l’a exécuté avec une telle acuité que le classique transpire dans la pop culture et sous toutes les coutures. Mais on y reviendra, car on appelle à présent le fiston Jason, qui ambitionne d’investir ce même mythe pour l’adresse à notre jeunesse, plus décalée, mais en avance sur certaines vertus. La science et la foi sont au centre de cette réinterprétation, d’abord respectable dans la façon qu’elle a à dialoguer avec cet héritage, puis se saborde dans l’exploitation en excès des codes de blockbusters, où l’action, le courage, la confiance et la bienveillance seront les meilleures armes pour triompher du mal.
En route vers un patelin paumé de l’Oklahoma, étrangement isolé et ancré dans une bulle temporelle, propice à ce qui va suivre. Une mère célibataire (Carrie Coon) emmène ses deux enfants sur les lieux d’un théâtre d’événements paranormaux, pour finalement s’y installer. Le scénario en a voulu ainsi, mais alors que l’on approche lentement d’un semblant de révélation ou d’une passerelle avec les compétences et les outils du quatuor Venkman, Stantz, Spengler et Zeddemore, on se laisse le temps de rabattre les cartes de ce renouveau. Trevor (Finn Wolfhard) est un ado en chaleur, tandis que sa sœur cadette Phoebe (Mckenna Grace) écrase tout sur son passage. Avec une grande volonté d’apprentissage et d’indépendance, elle entrevoit un monde bien plus complexe que ses aînés. Sa tendresse y est pour quelque chose et l’actrice génère aisément de l’empathie, rare à l’écran lorsque l’on s’attaque à ce genre de production, qui convoque un public dont on souhaite préserver les traditions et les goûts.
Et pour compléter le groupe de gamins à la Amblin, on invite Podcast (Logan Kim), personnage très touchant au premier abord, mais qui renvoie tous les morts à leur tombeau avec une addiction pour la parole et l’humour que l’on rebute tant. Très envahissant, comme dans une démarche de fanboy, on peut ajouter le pseudo-prof sismologue amateur (Paul Rudd), dont la consistance égale les bibendums chamallow qu’il croisera, c’est dispensable et surtout très anecdotique. Peut-être doit-on y voir une sous-couche hollywoodienne, que l’on traîne de dérision, simplement pour le fait que cette nouvelle chasse aux fantômes existe, sans originalité ? Paul Feig a échoué dans sa tentative de reboot féminin parce qu’il n’avait rien à raconter, hormis ajouter son grain de mise en scène. Ici, on tend un peu plus à un équilibre, sans pour autant qu’il satisfasse tout le monde, en particulier ceux qui n’y verraient qu’un nouveau visage aseptisé d’une idole passée.
Avec un démarrage qui tient les promesses sur de nouvelles bases, on bascule ensuite dans un déluge de CGI à en faire perdre la pédale, comme si le fait de décortiquer l’héritage de la figure paternelle serait laborieux à explorer. Et qu’on ne se le cache pas, car il n’y a rien à masquer, le retour de certaines têtes interpelle plus qu’elle ne suscite un réel engouement. Un mythe aussi peut vieillir, tandis que d’autres disparaissent et reviennent le temps de boucler un hommage ou pour soutenir la dernière génération, dépasser par ce qu’il tient en main. « S.O.S. Fantômes : l’Héritage » (Ghostbusters : Afterlife) divertit au plus et ne garantit pas de nouveaux frissons. L’aventure rafraîchit dans sa première partie, mais ne traîne pas pour en singer l’effort et la matière qui a fait le succès de l’univers, quelque part entre la profanation et la résurrection forcée.