Brad Anderson est un cinéaste non dénué de talent mais malheureux. En effet, la plupart de ses films n’ont pas eu la chance de sortir en salles, ou seulement aux Etats-Unis et dans des combinaisons de copies vraiment limitées. La plupart du temps, ils se sont retrouvés à sortir uniquement en DVD ou en VOD alors que certains d’entre eux valaient vraiment le coup d’œil. Le dernier à sortir en salles fut « Opération Beyrouth », pas son meilleur et que peu de gens ont vu, près de quinze après son film le plus vénéré, le très bon « The Machinist » avec un Christian Bale métamorphosé et nommé aux Oscars. Entre ces deux-là, il y a eu son seul film à gros succès commercial, le thriller plutôt réussi et prenant « The Call », avec une Halle Berry en opératrice du 911 devant sauver une jeune fille kidnappée. Mais qui a entendu parler de « Session 9 », « Transsiberian » ou « Hysteria » ? Pas grand monde alors que ce sont de bonnes petites séries B. Avec « La Fracture », le cinéaste doué mais malchanceux, se voit offrir une fenêtre de tir sur la plate-forme des cinéastes exilés, épris de liberté ou encore des tâcherons censés remplir la grille de programmation cinéma de la chaîne. Si le film n’est pas mauvais, c’est loin d’être le meilleur de son réalisateur, la faute à un ensemble qui ressemble plus à un épisode de série télévisé à suspense qu’autre chose. Pas assez d’ambition, un sujet qui sent un peu le déjà-vu dans la paranoïa et des acteurs pas toujours très convaincants, le héros Sam Worthington en tête qui en fait un peu trop.
Mais « La Fracture » s’avère hautement regardable et rythmé si l’on n’a rien d’autre à faire. Il fait passer un relatif bon moment sans ennui, accomplissant ce qu’on lui demande pour une œuvre Netflix : divertir. On apprécie la mise en place pas trop longue et efficace et qui fait vite ressentir que quelque chose ne tourne pas rond, soit chez les personnages, soit dans cet hôpital. Et cet aspect de doute est vraiment bien maintenu durant l’heure et demie que dure le film. On pense savoir la résolution à l’avance mais le scénario est relativement malin et parvient à nous berner une ou deux fois, c’est là tout son intérêt. La réalisation est fonctionnelle mais tout aussi efficace avec quelques plans bien imaginés et une ambiance paranoïaque bien rendue qui compense le côté terne de l’image et des décors (on avait rarement vu hôpital aussi triste et fade à l’écran tout comme des extérieurs si laids). Si le côté seul contre tous a déjà été vu maintes fois au cinéma, « La Fracture » sait s’en affranchir et nous captive jusqu’à la toute fin et son rebondissement terminal (en dépit de quelques invraisemblances et choses inexpliquées au vu de cette conclusion). En soit, c’est un film de commande qui fait son office sans rien révolutionner mais on a déjà vu bien pire sur la plate-forme en matière de long-métrages mais aussi, moins souvent, beaucoup mieux. Mais du méconnu et surprenant Brad Anderson, ça aurait pu être bien plus réussi.
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