Constance est fille d’agriculteur. Avec son fiancé, elle veut reprendre l’exploitation de son père et la sauver de la faillite. Pour cela, il faut investir et s’imposer face aux grands exploitants .
C’est la seconde réalisation de Naël Marandin après La Marcheuse en 2016. Il a écrit le scénario en collaboration avec Marion Doussot (Les Invisibles) et Marion Desseigne-Ravel. La Terre des hommes a eu le label "Semaine de la Critique 2020".
En me fiant au titre et à l’affiche, je dois avouer que j’ai été pris à contrepied par la thématique principale abordée et le résultat est plutôt concluant avec un bon drame.
Il ne faut donc pas se fier aux apparences car le monde agricole ne va pas être au centre de l’attention. Alors il ne sera pas absent, au contraire, il va plutôt être utilisé comme toile de fond pour les événements. La Terre des hommes va donc montrer le déroulement d’une problématique de société dans le monde rural. A aucuns moments, c’est le fonctionnement intrinsèque de celui-ci qui sera montré. Par défaut, on comprend certaines choses mais ce n’est pas la priorité.
En effet, on va se centrer sur Constance victime d’un viol. Son cas ne va pas être facilité car son agresseur a une emprise morale sur elle car de sa décision dépend le futur de cette jeune femme et de son exploitation agricole. Au-delà de la violence physique, va s’accumuler une oppression morale car dans ce milieu, se mettre à dos un responsable d’un syndicat peut être fatale.
En revanche, j’ai trouvé que l’image donnée n’était guère positive. Je ne connais pas du tout le monde agricole, mais si on s’en réfère au film, le soutien est absent. La femme agressée devient presque le coupable car elle ne veut pas se taire. Cette thématique primordiale va donc faire vivre un récit prenant.
Je n’ai pas été totalement convaincu par la prestation offerte par Diane Rouxel. Son comportement, et même celui de son personnage en général, m’a laissé sceptique. Ce sont plus les rôles secondaires qui m’ont impressionné. Deux mois après Gargarine, Finnegan Oldfield continue de m’épater. C’est aussi le cas pour un excellent Jalil Lespert. Il porte à merveille le rôle de cet homme manipulateur. La palme revient tout de même à un Olivier Gourmet irréprochable comme d’habitude.
[Partie Spoil] J’ai tout de même été un peu sceptique sur le traitement final de ce sujet. En effet, le retournement ultime donne une moralité un peu orthodoxe. Il vient presque faire changer le regard qu’on a sur Constance. Je ne suis pas spécialiste, je mettrais donc mes propos aux conditionnelles, mais je m’imagine mal une femme violée faire preuve de cette froideur et retourner avec une telle manœuvre la situation. Peut être avec le temps, on peut penser que cela est plausible, mais là les événements sont encore frais.
Vous pourriez me dire qu'elle sort vainqueure et grandie, donc que cela montre sa force, en plus de souligner le contexte impitoyable du monde rural. Mais je vous répondrai que la manipulation, car c'est bien ce qu'elle fait, n'est pas l'arme des victimes mais des oppresseurs. Son utilisation ne m'a donc pas du tout plu. Chacun se fera son opinion.