Un film de genre, sur les donneurs d'alerte, les seuls contre tous dont les cinéastes américains savent valoriser les combats. Dès les premières images, je me suis cru dans un film non pas de 2020 mais ressorti des années 70, avec un gros grain, un éclairage blafard, toujours dans le froid, la boue, la neige, sans lumière. Lu après coup, l'article du Monde trouve les mots de ma perception, celle d'un exact contraire à Erin Brockovich, autre héroïne du combat inégal, mais bras nus, solaire, transpirante et positive. Et au moment où l'environnement est maltraité, avec un Trump qui manipule l'information, Dark Waters est essentiel et salutaire. Oui, c'est crépusculaire et lent, assez technique (mais même pas assez précis, mélangeant tous les risques sanitaires entre l'ultra local d'une pollution ponctuelle avec le risque mondial du téflon dans toutes les cuisines), mais c'est cette réalité d'un monde industriel sans morale qui doit être régulé et contrôlé efficacement. Le choix esthétique du film, l'interprétation obstinée de Mark Ruffalo extraordinaire, tout est un choix, un parti pris de Todd Haynes, très saisissant. Une réusssite, même si elle ne donne pas le moral, et décide résolument à changer ses poëles