Guillaume Nicloux est présenté comme ayant bâtit en une trentaine d’années une filmographie très éclectique…de ses réalisations récentes j’ai vu la Religieuse, sorti en 2013 qui m’avais déçu , manquant de relief en comparaison de l’austère adaptation qu’avait faite du roman de Diderot, Jacques Rivette en 1966… et plus récemment le remarquable Valley of Love, film prenant , envoûtant quasi métaphysique sinon christique, où il mettait face à face deux monstres sacrés Isabelle Huppert et Gérard Depardieu… C’est poussé par une certaine curiosité que je suis allé voir Thalasso, non pas pour Gérard Depardieu, qui malgré son admiration pour Poutine est un immense acteur (au sens propre comme au figuré) et à qui je reste fidèle depuis les Valseuses… mais pour Michel Houellebecq que je ne connais qu’au travers de son image publique plutôt antipathique…Je pensais, qu’après le Daim de Quentin Dupieux et Perdrix de Erwan Le Duc, nous allions encore avoir un film sur l’absurde…La plongée de deux monstres médiatiques, jouisseurs invétérés et sales gosses, dans une cure de remise en forme dans un environnement aseptisé ne peut être que prétexte à des situations drôles sinon loufoques… certes il y a des scènes franchement marrantes…les réactions dégoutées de Houellebecq devant l’eau froide et la cryothérapie…sa résignation de fumeur devant les interdictions médicales et ses contournements de collégiens… et avec l’arrivée de Depardieu , le contraste à la Laurel et Hardy, d’autant que la cure favorise leur exhibitionnisme ….leur parole subversive (« Vous êtes la honte de la France » leur balance un des curistes) , leurs saillies verbales les plus crues, qui laissent penser qu’ils ont pris des libertés avec leur texte…mais le film s’essouffle…les dialogues restent brouillons, les deux protagonistes sont face à face mais ne s’écoutent pas, donnant l’impression qu’aucun ne s’intéresse réellement à l’autre…et c’est comme si, par paresse que Guillaume Nicloux s’appuie sur l’étrangeté de cette rencontre en enfermant ces deux êtres singuliers dans ce centre de soins et en observant ce qui se passe…Le film aurait ou en rester là , car après tout on découvre qu’Houellebecq a un corps, qui subit toutes sortes de tourments qu’il accepte avec un flegme ou une impatience irrésistible et qu’il n’est pas qu’un pur esprit….Mais alors pourquoi vouloir rattacher le film à un précédent que peu de monde a vu puisque n’étant passé que sur Arte…pourquoi ramener cette bande de pieds nickelés de L’enlèvement de Michel Houellebecq , l’intrigue devient vaseuse, le film bancal, l’humour bien lourd…et il est temps qu’intervienne le clap de fin…