‘The wandering earth’ est la superproduction de tous les superlatifs, plus grand succès de tous les temps sur ses terres et, par le simple poids de la démographie, l’un des plus gros succès au box-office international jamais vu (même si 99% des recettes proviennent effectivement des cinéma de l’Empire du Milieu). J’ai déjà lu des bouquins de Lu Cixin et il s’agit incontestablement d’un brillant auteur de science-fiction, dont les écrits sont à la fois spectaculaires et presque “philosophiques”, où la science-fiction est au service d’une réflexion approfondie - et même pas politiquement orientée - sur la nature humaine. ‘La Terre vagabonde’ parlait surtout des bouleversements vécus par la civilisation humaine et des choix cruciaux qu’elle avait posé pour survivre puisque le concept directeur du livre était que dans un futur proche, afin d’éviter d’être absorbée par le Soleil en voie de supernovisation, la Terre se soit mise en quête d’une nouvelle galaxie d’accueil, après avoir été équipée de dizaines de milliers de réacteurs géants à fusion sur sa surface. Ravagée par des tremblements de terre et des raz-de-marée alors que sa rotation s’arrêtait sous l’action des réacteurs, transformée en désert gelé à mesure qu’elle s’éloignait du Soleil, la surface avait été abandonnée par l’humanité qui s’était réfugiée dans de gigantesques cités souterraines. Malheureusement, l’adaptation cinématographique ne suit ni la lettre ni même l’esprit du roman et ne donne un aperçu de cette humanité souterraine du futur que superficiellement : à l’inverse, elle s’oriente ouvertement vers le spectaculaire à la façon d’un Blockbuster hollywoodien moyen, à travers une mission désespérée pour réparer un réacteur défectueux alors que la planète mobile se prépare à entrer en collision avec Jupiter. Le moindre des défauts de cette superproduction est qu’on reste dans une logique foncièrement proche de la Hard-SF alors que nombre d’éléments s’avèrent peu crédibles, soit par omission, compte tenu du manque de contextualisation des contingences qui régissent cette nouvelle humanité, soit en sacrifiant à l’héroïsme pour l’héroïsme et aux situations qui ne se résolvent que grâce à un incroyable concours de circonstances et de chance. Pour le reste, les défauts récurrents des gros films populaires chinois, ont été mis en sourdine : peu de romance envahissante, peu d’humour incongru, et des décors et effets numériques, signés WETA, qui n’ont ici absolument rien à envier à ceux des plus grands blockbusters hollywoodiens. ‘The wandering earth’ ne manque même pas de rythme et, dépourvu des tares habituelles du genre, s’avère moins pénible à suivre que les films chinois qui se contrefichent de leur exploitation à l’étranger : on peut tout de même regretter qu’un bouquin remarquable qui développait un univers passionnant ait été réduit à son plus petit commun dénominateur, celui d’un film-catastrophe sympa mais creux. Pour vous donner une idée, si les Américains en avaient fait une adaptation, il y aurait forcément eu The Rock dedans...