La tempête s'apprête à s'abattre sur l'existence anonyme de Lou, une femme à l'âge avancé, peu avenante et vivant seule avec son chien aux abords forestiers d'une petite ville américaine. Lorsque, par une nuit de pluies diluviennes, sa locataire Hannah et sa petite fille se retrouvent menacées, Lou décide de reprendre les armes pour partir à la poursuite du responsable...
Car, à l'instar de personnages interprétés par Liam Neeson et une liste d'acteurs(-trices) d'âge mûr de plus en plus longue, Lou est l'archétype de l'héroïne d'un "Taken"-bis, cachant un lourd passif de badass qui va évidemment se réveiller au contact de la veuve et l'orphelin mis en danger. C'est donc cette fois Allison Janney qui endosse les habits d'un tel rôle, une comédienne forcément inattendue dans ce registre mais qui, avec le talent qu'on lui connaît, impose d'emblée toute la force de caractère d'une Lou délibérément austère, écrasée par le poids de son passé et obligée malgré elle de passer à l'action peut-être pour la dernière fois.
La formule est archi-connue mais, avec une telle comédienne à sa tête, bien accompagnée par Jurnee Smollett dans une alliance féminine de circonstances, "Lou" sait pendant un temps mener sa barque avec une réelle efficacité, surtout lorsque film s'en tient à l'exposition de ses tenants les plus basiques en posant sa menace ou en dévoilant les aptitudes au combat de son ex-action woman pas si rouillée. Outre quelques spécificités comme son cadre ou les marques de vieillesse inévitables de son héroïne, Anna Foerster semble bien poser les jalons d'un petit film de traque forestière certes peu original mais capable d'offrir un sympathique spectacle en la matière avec tous les ingrédients à sa disposition (sans compter le bonus canin qui ne peut que susciter l'empathie).
Le problème c'est que "Lou" en a réalité plus dans sa besace que le packaging habituel de ce genre de film. Cela peut paraître bizarre de s'en plaindre de prime abord vu qu'une once d'inédit dans ce type de récit est toujours bonne à prendre mais, en faisant d'un mystère (dont le brouillard se dissipe avant sa révélation) un tournant majeur dans la nature de ses enjeux, "Lou" va se retrouver embarqué dans un registre mélodramatique qui va de plus en plus le desservir sur la durée.
L'idée n'était pas si mauvaise en soi mais quelque chose ne prend bizarrement jamais autour de cet état de fait sans doute trop grossièrement amené, "Lou" a bien toujours de bonnes péripéties à proposer jusqu'à son terme mais il s'en retrouve aussi sans cesse alourdi par ces nouvelles dynamiques pour continuer d'assurer une certaine crédibilité.
D'abord présenté de façon convaincante comme un vrai danger certes pas très net mais tout de même rationnel dans ces agissements, le personnage de Logan Marshall-Green devient ensuite presque à lui tout seul l'incarnation de cette tournure handicapante en se transformant en simple reflux de folie humaine beuglante, empêtré dans des tourments psychologiques primaires juste bons à le faire éliminer tout ce qui bouge (le tout pas aidé par Marshall-Green passé lui aussi inexplicablement en roue-libre).
Bref, malgré de bonnes intentions derrière cette initiative en vue de se différencier de la masse, "Lou" s'y retrouve quelque part piégé faute de ne pas maîtriser toutes les ficelles pour l'exploiter de manière convaincante. Cela ne lui enlèvera pas le statut de divertissement honnête en sa catégorie mais le film nous laissera tout de même le sentiment d'avoir manqué une marche décisive sur un escalier construit pour l'emmener vers quelque chose de bien meilleur.