Comme quoi, deux réalisateurs faisant deux films sur un même sujet, une même histoire, ça peut donner quelque-chose de complètement différent ! Rien qu'à comparer les deux affiches d'ailleurs, on se rend bien compte qu'une est bien plus réussie que l'autre (un indice : c'est pas celle-ci). Parce-que oui, même si ce film est une adaptation de la comédie musicale homonyme, elle-même adaptée du roman d'Alice Walker et que ce n'est donc pas le remake du film de Spielberg, le film souffre tout de même de la comparaison. Et c'est normal car "La Couleur Pourpre" est de plus un des films les plus appréciés du réalisateur, c'est son premier drame mais également accessoirement son premier film polémique puisque c'est un Blanc qui "s'empare" d'un sujet sur les Noirs. Enfin maintenant, le tir est rectifié puisque le réalisateur de celui-ci, Sam Blitz Bazawule, est bel et bien Noir et pour autant, ce n'est pas pour ça en fait un meilleur film. Enfin bref, nous avons donc ici la même histoire forcément mais avec des numéros chantés et dansés toutes les cinq minutes qui sont bons pour la plupart (autant la musique que les chorégraphies) mais ralentissent énormément le rythme ! De plus, même si ce n'est pas complètement idiot de faire chanter ces personnages, rappelant alors le blues chanté par la communauté afro-américaine durant l'esclavage, ça casse tout de même un peu tout ce côté dramatique. Effectivement, le film n'a jamais le temps d'installer sa tension ni son ambiance malsaine puisqu'aussitôt, les personnages se mettent à chanter et à danser. Ce qui fonctionne peut-être très bien à Broadway mais visiblement, tout n'est pas matière à être adaptable au cinéma. En dehors de ça, bon bin on s'ennuie énormément puisqu'il y n'y a jamais de tension, on ne s'attache pas vraiment aux personnages ; l'aspect dramatique étant complètement foiré. Il n'y a qu'à comparer la scène du dîner (lorsque Celie ose enfin se rebeller) avec celle du film de 1985 pour comprendre un peu mieux. Alors que Spielberg mettait en scène une véritable rébellion, celle que l'on attendais depuis plus d'une heure avec une véritable violence entre les deux personnages (je veux dire, Whoopie Goldberg tapait quand même violemment du point sur la table tandis que les yeux de Dannis Glover inspiraient autant la peur que la pitié), ici on reste dans quelque-chose de mou et puis surtout de très mièvre ! Il en est d'ailleurs de même pour la scène de la recherche des lettres par exemple. Les acteurs laissent aussi à désirer, la seule actrice véritablement marquante étant Danielle Brooks maitrisant son personnage à la perfection, les autres étant anodins. Alors que Whoopie Goldberg avait ce regard enfantin et naïf tout en ayant celui d'une jeune femme affirmée ayant grandit trop vite, Fantasia Barrino joue juste "le drame" sans grandes nuances. Cependant, on peut retenir du film une très bonne mise en scène formellement parlant et une magnifique photographie. Voilà, "La Couleur Pourpre" n'est donc pas mauvais en soi mais simplement osef, c'est le film devant lequel on peut très vite s'ennuyer et que l'on oubliera très rapidement.