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Matatoune
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4,5
Publiée le 25 octobre 2021
La rétrospective du Centre Pompidou pour la réalisatrice américaine Kelly Reichardt vient de finir. Et son dernier film First Cow est sortie en France le 20 octobre 2021. C'est l'occasion de retrouver un cinéma implanté dans un territoire encore sauvage, l'Orégon, bien connue de la réalisatrice.
First Cow décrit vers 1820 les conditions de vie de migrants qui fuient la misère et espèrent trouver dans un ailleurs les conditions d'une vie décente. Cookie Figowitz est un de ceux-là. Il sauve King-Lu, un émigré chinois poursuivis par des russes prêts à venger un des leurs assassiné par légitime défense.
De cette rencontre naît une amitié. La vente de beignets leur permet de connaître une vie meilleure et l'espérance d'un avenir plus lumineux. Seulement, leur succès attire l'attention du bourgeois de l'endroit, le Chief Factor local, qui va découvrir pourquoi les beignets sont si bons !
First Cow est tourné au bord du fleuve Colorado dans une forêt dense qui devient un personnage à part entière. La boue, l'humidité et la misère infiltrent tout. L'époque voit encore la coexistence de blancs avec une tribu d'indiens dont on pressent les derniers moments de liberté.
Ce récit d'une amitié, Kelly Reichardt la film avec les couleurs et la lumière de l'automne : les champignons ramassés par Cookie, ses bottes abandonnées car trouées, une nature à la fois enchanteresse avec une chouette qui me semble bleue mais aussi hostile avec les loups qui hurlent à la nuit.
Le mythe hollywoodien a vendu un Far-West avec des héros "testostéronés". Ici, la voix frêle de Cookie et sa sensibilité témoigne de son contraire. Alors, certes Kelly Reichardt choisit de représenter la période précédente à la ruée vers l'Ouest. Néanmoins ici, les héros sont des miséreux qui ne cherchent qu'à survivre. Leur solidarité les sort du chaos.
First Cow est tourné au bord du fleuve Colorado dans une forêt dense qui devient un personnage à part entière. La boue, l'humidité et la misère infiltrent tout. L'époque voit encore la coexistence de blancs avec une tribu d'indiens dont on pressent les derniers moments de liberté.
Ce récit d'une amitié, Kelly Reichardt la film avec les couleurs et la lumière de l'automne : les champignons ramassés par Cookie, ses bottes abandonnées car trouées, une nature à la fois enchanteresse avec une chouette qui me semble bleue mais aussi hostile avec les loups qui hurlent à la nuit.
Impossible de ne pas penser à la chasse aux migrants que se livre le monde occidental oubliant que leur histoire, comme celle des États-Unis, témoigne de ces vagues de métissage. Impossible de ne pas penser aussi à l'économie capitaliste qui s'implantera plus tard sur ces terres. Cette course au profit fait perdre toute prudence aux deux amis, devenus trop surs d'eux et confiants dans le succès de leur pâtisserie. Le rêve américain s’effrite, encore et encore !
la suite ici https://vagabondageautourdesoi.com/2021/10/25/kelly-reichardt/
Kelly Reichardt est une magicienne de l’image qui arrive à faire quasiment du Terrence Malick avec trois fois rien. Dans First Cow, deux marginaux, dans l’Oregon du 19ème siècle, décide de voler le lait de la seule vache de la région, pour faire de divines pâtisseries qui ont l’air simple, mais que Kelly Reichardt filme comme la quintessence de la gastronomie. La lenteur rend service aux personnages (interprétés par Orion Lee et John Magaro) et à l’atmosphère (magnifiques décors). Une immersion poétique formidable.
La bande son est superbe ! Les bruits de la nature sont sublimés. Les paysages sont très beaux mais le format trop carré ne leur rend pas justice sur un écran de cinéma... C'est vraiment dommage. La narration est réussie. Les personnages sont réalistes et sympathiques : ils apportent une jolie tendresse dans ce monde de brutes qui n'est pas du tout caricaturé. On est loin des clichés, de la violence et du goût moderne pour la perversion. Un beau film, qu'un format grand écran aurait rendu excellent.
Western minimaliste autour de quelques trappeurs, d’un notable, d’une vache et de deux amis. Voilà qui suffit à Kelly Reichardt pour évoquer la naissance d’une nation, pour sonder une histoire qui commence à s’écrire, composée de rêve de fortune et d’opportunisme. Une histoire naissante que la réalisatrice observe à la marge, auprès de petites gens, auprès de beautiful losers, dans la vraie vie d’un automne boueux de l’Oregon. Ni héros, ni héroïsme dans ce western. Pas de virilité exacerbée. L’un des personnages principaux cuisine, passe le balai dans une petite cabane, secoue un tapis, tandis que son compère rêve à haute voix, tranquillement, de bon business. Pas d’opposition passionnée. Un humanisme et un intimisme doux se diffusent via une relation d’amitié aussi pure que touchante. C’est simple, c’est lent, c’est beau. D’une empathie évidente. Et d’une poésie naturaliste qui a ses moments de grâce. Il y a bien aussi quelques petits moments soporifiques, mais toujours agréablement soporifiques, bercés que l’on est par une narration qui prend son temps et qui touche au zen. Humble et discrète, la mise en scène de Kelly Reichardt n’en est pas moins d’une remarquable précision. Attentive au détails. Chaque geste et chaque mot ont leur importance. Et parmi les mots prononcés, ceux qui le sont par l’acteur Orion Lee caressent l’oreille comme rarement. Une voix calme, chaleureuse, bienveillante. Un bonheur.
A peu de jours d’écart je découvre Old Joy et First Cow et leurs thèmes communs : l’amitié et le rapport à la nature. Et je trouve passionnant qu’en 2021 on puisse voir un Dune un James Bond mais aussi un Onoda et un First Cow. Ces deux films qui semblent au fond anachroniques disent beaucoup de notre besoin de retourner à l’essentiel, à l’épure, de vivre un temps long fait de petites choses et de silence. La mise en scène de First Cow est tout aussi époustouflante que celle d’Onoda avec également une superbe photo. Et l’amitié est chez Kelly Reichardt comme elle est dans la vie : discrète fidèle légère.
Une vraie purge ! Rythme ralenti à dessein, format 4/3 rébarbatif, beaucoup de plans tournés en clair-obscur où l'obscur domine, acteurs sans rayonnement, histoire minuscule.
"First Cow" est un petit miracle de douceur et d'évidence dans un monde de brutes, celui de la conquête de l'Ouest, si souvent montrée au cinéma. On est ici plus proche de "Pat Garett et Billy le Kid" que de l'univers des glorieux pionniers. La nature primitive de l’Oregon est un personnage important du récit, dont la cinéaste révèle la beauté mais aussi l'hostilité. Le film raconte l'amitié de deux parias que la société a rejetés au bout de cette terre lointaine et c'est avec une finesse, une économie de dialogues inouïes que Kelly Reichardt dépeint leur rencontre, les liens qui se tissent peu à peu, leur attachement mutuel. Leurs rapports à l'animal qui les fera un temps sortir de leur misère et bâtir des projets citadins, leurs relations avec leur grandiose environnement tiennent également une place importante.
Difficile de donner un avis pertinent quand on a craqué avant la fin. Ou est-ce justement ce qu'il y a de pertinent. C'est tellement lent, sans intérêt, décalé sans être intéressant. Nous sommes visiblement passés à côté mais il n'était pas possible de tenir une minute de plus..
Assurément un magnifique chef-d'œuvre sublimement enthousiasmant, délicieusement gracieux! D'une finesse rare à savourer sans ennuie aucun! Un film envoûtant qui nous réjouit sur le moment et nous ravit dans son souvenir!
Ce film gagne beaucoup par son ambiance sonore, son image particulières, ces plans particulièrement bien faits. C'est au final un film sur l'amitié, et cela j'avoue l'avoir comprit assez tard. Il expose le cheminement d'une amitié. Cependant, le film aurait gagné à être moins long, car au bon d'un moment j'ai fini par attendre la fin.
Dans les montagnes de l’Oregon, au début du dix-neuvième siècle, le destin de deux chercheurs d’or va se croiser. Cookie Figowitz est cuisinier. King Lu est un immigré chinois en rupture de ban, pourchassé par des mercenaires. Les deux hommes vont voler le lait de la vache d’un riche propriétaire terrien (Toby Jones) pour fabriquer des pâtisseries que la petite colonie s’arrachera bientôt.
Kelly Reichardt est la grande papesse du cinéma indépendant américain. Depuis son premier film, "River of Grass", tourné en 1994, elle déploie une œuvre aussi originale que minimaliste. La plupart de ses films se déroulent dans les espaces immenses du Nord-Est américain, l’Oregon ("Old Joy", "Wendy & Lucy", "La Dernière Piste", "Night Moves") ou le Montana ("Certaines femmes"). La plupart sont contemporains. Mais "First Cow" est son deuxième western après "La Dernière Piste" en 2010.
Western n’est peut-être pas la qualification la mieux appropriée. Car "First Cow" ne reproduit aucun des stéréotypes du genre. Amateurs ou amatrices de duels au soleil, de poursuites en diligence, de shérifs à la détente agile et de tenancières de saloons à la jarretière audacieuse, passez votre chemin ! Rien de tel dans "First Cow" dont les héros ont l’épaisseur de seconds rôles et dont l’intrigue se réduit à presque rien.
Deux types de réactions, aussi dissemblables que possibles, peuvent naître de ce spectacle. Et je dois reconnaître qu’il s’en est fallu de peu que je bascule de l’une à l’autre – comme en témoignent les commentaires tour à tour élogieux ou plus mitigés qu’ont suscités les précédents films de Kelly Reichardt. Le premier serait de dénoncer l’ennui que suscite ce film de plus de deux heures, sans rythme, frisant l’insignifiance. Le second, au contraire, serait de s’extasier de ces « petits riens » terriblement réalistes qui sont l’étoffe dont étaient faites les rudes vies de ces premiers colons et de se laisser émouvoir par le mélo pudique que la première image du film et sa toute dernière font naître.
Kelly Reichardt poursuit avec bonheur sa déclinaison de l’amitié, cet attachement entre des personnes ne faisant pas partie de la même famille et qu’on retrouve dans tous ses films. S’y ajoutent sa vision personnelle de la conquête de l’ouest et une réflexion sur l’esprit d’entreprise et l’appât du gain, avec les dérives que cela peut entrainer. Dire que Kelly Reichardt fait partie des meilleures réalisatrices du cinéma contemporain pourrait être interprété de façon réductrice par certains lecteurs. C’est donc de façon délibérée qu’on affirmera que Kelly Reichardt fait partie des meilleurs réalisateurs du cinéma contemporain.
Une jolie petite perle du cinéma indépendant américain, un western aux antipodes des standards classiques qui dépeint de la rudesse de la vie des pionniers dans les contrées reculées de l'Oregon et de l'Etat de Washington dans les années 1820. Une âpreté des rapports humains entre petits larcins, débrouillardises diverses pour quêter quelques denrées ou interactions entre les différentes communautés racontée avec beaucoup de délicatesse, dégageant une prégnante sensation de calme qui n'est pas sans rappeler Terrence Malick dans "La ligne rouge", la sauvagerie des combats en moins. Une oeuvre forte servie magnifiquement par son imposant casting de John Magaro excellent en cuisinier taciturne à Toby Jones ou encore Ewen Bremner sans oublier la révélation Orion Lee superbe en vagabond roublard. Une claque inattendue, l'un des chefs d'oeuvre de cette année.
Je ne suis pas un grand fan de Kelly Reichardt, pourtant portée aux nues par une partie importante de la critique, alors que par ailleurs, aucun grand festival ne l’a à ce jour récompensée.
Son cinéma atone, volontairement débarrassé de tout ce qui pourrait le rendre «agréable», ne me touche généralement pas. Je ne suis sensible ni aux longs plans dans lesquels rien ne se passe, ni au silence lancinant, ni à l'absence totale de musique extra-diégétique, ni à l’image perpétuellement grisâtre, ni aux scénarios erratiques et lymphatiques.
Ceci étant dit, First cow, qui n’est pas sorti en salle en France et est visible sur la plateforme Mubi, est probablement ce que j’ai préféré de cette cinéaste. On y trouve un synopsis assez intéressant, des scènes (presque) spectaculaires, et enfin, une véritable émotion. First cow parvient à nous donner le sentiment d’une immersion totale dans un passé réel et non fantasmé.
Les acteurs sont très bons également, avec une mention spéciale pour le génial Toby Jones (échappé de la série Detectorists), dans un rôle de grand propriétaire infect. A voir si vous êtes fan, ou simplement curieux de découvrir le travail de cette cinéaste.