Après avoir découvert "Le masque de cire" avec Vincent Price (sorti en 1953), j’ai voulu découvrir "Masques de cire", le film original de 1933, signé par Michael Curtiz (plus connu pour avoir réalisé le chef d’œuvre "Casablanca")… et force est de constater qu’il s’agit de film jumeaux, tant les deux histoires sont similaires. Même intrigue, même conduite du récit, même rebondissement… très peu de choses ont changés et les 20 années séparant l’original de son remake ne se font pas forcément à l’avantage du premier. Le principal problème intrinsèque vient de la mise en scène un peu faiblarde (on est loin du Curtiz qui a su sublimer Bogard dans "Casablanca") avec un rythme assez incertain, un montage souvent maladroit (les coupures semblent parfois hasardeuses) ou, encore, une absence de musique au cours de scènes qui en auraient eu cruellement besoin pour densifier l’aspect dramatique. Le second problème du film est davantage dû à la comparaison avec son remake qui avait su parfaitement exploiter le malaise provoqué par les statues de cire, filmé comme des personnages à part entière. Le film de Curtiz ne parvient pas à insuffler cette ambiance délicieusement glauque, et ce à cause d’une exploitation très light des créations du grand méchant du film, Ivan Igor (Lionel Atwill, très bien). Il manque, ainsi, une esthétique horrifique ou, à tout le moins, une touche dérangeante qui gâche un peu le plaisir… même s’il ne faut pas oublier qu’on se trouve, alors, en 1933, soit une époque où le studio Universal commençait à peine à imposer une nouvelle vision de l’horreur avec ses films de monstres ("Dracula" et "Frankenstein" sortent à la même époque). Il n’en demeure pas moins que "Masques de Cire" recèle de nombreuses qualités puisque, outre la perversité d’un scénario qu’il a été le premier à raconter (l’avilissement du scuplteur, qui se voit ronger par le feu mais, également, par sa passion dévorante, fait froid dans le dos), il peut se targuer de présenter un méchant à la gueule, certes invraisemblable, mais bien plus crédible que son homologie rosâtre de 1953. Et, surtout, on découvre un personnage féminin particulièrement réussie en la personne de la journaliste Charlotte Duncan. Campée par une Fay Wray formidable (qui sera starifiée, la même année, grâce à "King Kong"), ce personnage est pétillant, insolent, jusqu’au-boutiste et terriblement libre… au point de voler la vedette au personnage du méchant (ce qui était loin d’être la cas du remake où Vincent Price éclipsait tous ses autres partenaires). "Masques de cire" est, donc, un film plutôt intéressant, qui a certainement dû faire son petit effet lors de sa sortie (la découverte du vrai visage d’Igor reste un moment saisissant) mais qui, une fois n’est pas coutume, a été surpassé par son remake ainsi que par un remake de ce remake ("La Maison de Cire" sortie en 2005). Soit un cas assez rare d’histoire qui se bonifie au fil des remakes…