Notes à la volée au sortir de Gladiator II. Ouf. J’ai eu tellement peur. J’en sors. Je cogite en chemin. J’ai quand même été pris ! Je crois que je ne vais pas être objectif, j’aime par fidélité. Ça aurait pu être bien plus catastrophique. Ça n’aurait pas pu être mieux. Impossible de faire aussi pur que Gladiator. Impossible d’égaler un monument, quand bien même il est sorti de soi 25 ans plus tôt. Je me demande comment il est possible de faire de tels films à 86 ans. C’est plus violent, sanglant, sadique, excentrique, ça va plus vite, on sent l’impact des plateformes de streaming et des séries ( Hélas ). C’est un film de son temps. Moins prenant émotionnellement. On en sort pas en larmes, pas déchirés, pas anéantis pendant des jours. Mais il y a un élan, il y a du souffle, une tentative. Et oui, ce qui dans la vie nous horrifie, dans l’art nous réjouit. On a envie de relire des choses sur les empereurs Caracalla et Geta. Le premier film est omniprésent. L’âme de Maximus plane à chaque instant. Les références sont appuyées. À la fin : les gens ont applaudi !
Preuve de l’attachement aux grandes histoires. Oui, c’est très en dessous de Gladiator, de Troie, d’Alexandre. Oui, le niveau a baissé. Je fais le choix de m’accrocher et de voir la lumière dans l’obscurité. J’ai eu du mal à croire en Denzel Washington qui pour moi est toujours son personnage de Frank Lucas dans American Gangster, film marquant de ma jeunesse où il fait d’ailleurs face à Russell Crowe, réalisé par Ridley, la boucle est bouclée.
J’ai aimé :
- Le générique d’introduction
- Voir au tout début l’acteur Peter Mensah, le messager Perse de 300 mais surtout l’Œnomaüs de la série Spartacus, je l’aurais aimé en ami fidèle de Lucius tout le long
- Voir le Styx représenté et l’aumône à Charon dans la vision de Lucius,
là je suis pris, puissance d’évocation, je plonge
- J’ai aimé qu’on appelle Lucius Gladiateur :
« Le poète », comme on appelait Maximus « L’Espagnol ». Ç’aurait pu être beaucoup plus appuyé et on aurait pu voir la foule scander : « Le poète ! Le poète ! », celui qui combat pas seulement avec l’épée mais avec des mots et des idées, armé de ceux qui l’ont précédés.
- Grande émotion sur les premiers plans larges de la Rome antique reconstituée, j’y plaque instantanément un idéal et des visions personnelles d’instants vécus et rêvés.
- Voir Macrinus (Denzel) dire qu’il a lu les pensées de Marc-Aurèle
- Entendre « Vae victis ! » ( « Malheur aux vaincus ! »)
- Les costumes, les crêtes mauves aux casques des soldats romains de la garde prétorienne
- Reconnaître les bustes et statues à l’écran
- Retrouver le sénateur Gracchus qui reprend son rôle tout comme Lucilla
- La force brute et le physique crédible de l’acteur Paul Mescal, pas de gladiateurs bodybuildés ici
- Le personnage du médecin
- Acasius le Romain plus « humain », tempéré
- J’aurais aimé plus de scènes pour nous attacher à la ténébreuse femme de Lucius, on aurait gagné en puissance d’identification et d’émotion. On l’oublie vite alors que ne nous quitte jamais l’image du fils et de la femme de Maximus, qui revient en flashbacks, on ressent la perte, l’arrachement. Ici c’est prétexte.
- Scènes navales réussies, bataille d’ouverture et naumachie grandiose mais requins inutiles, excessif, je sors du film, exactement comme dans la série Those About To Die sortie cet été
- Parallèle évident entre la décadence de cet empire romain et la décadence de notre temps.
Du pain et des jeux.
Je n’ai pas aimé :
- Les singes enragés, trop monstrueux et hors-sujet, premier moment où je décroche du film
- Le choix des animaux dans l’arène en général, trop gaguesque, on sent qu’on s’adapte à un nouveau public avide
- Une violence trop démonstrative qui n’aurait été que suggérée dans les années 2000 et qui suffisait