"Gladiator II" tente de ressusciter la majesté de Rome et l’héroïsme tragique de Maximus avec une ampleur indéniable, mais l’âme qui animait le premier opus semble s’être égarée quelque part dans les recoins de ses ambitions. En suivant Lucius (Paul Mescal), fils de Maximus, l'histoire s'efforce d’honorer l’héritage héroïque tout en nous plongeant dans un flot de scènes de combat à l’ampleur visuelle certes impressionnante. Mais une fois l’adrénaline dissipée, le vide se fait ressentir.
Le film déploie une fresque colossale où chaque plan respire le talent visuel de Ridley Scott, mais l'excès visuel semble masquer une certaine faiblesse dans la construction narrative. Si l’action est servie à foison, on peine à retrouver la tension poignante qui avait donné sa profondeur au premier film. Lucius, bien que habité par un désir de vengeance en hommage à son père, n’a pas le charisme de Maximus ; il se bat, se débat même, mais sa quête manque d'une densité émotionnelle véritable. Mescal apporte une rage maîtrisée, mais il est difficile de s’attacher pleinement à son personnage. À force de références appuyées au passé, son Lucius s'écrase sous le poids de l'ombre de Maximus au lieu de s’en émanciper.
Les antagonistes, notamment Caracalla et Geta, sont dépeints avec un excès de folie qui confine au grotesque. Leur absurdité frôle la caricature, un contraste trop marqué avec le ton solennel qui caractérisait "Gladiator". Denzel Washington, en mentor ambigu, incarne un personnage imposant qui, par moments, sauve le film de ses propres errements en ajoutant une touche de gravité. Mais même lui se heurte aux limites d’un scénario qui se perd dans des allers-retours narratifs et dans une surenchère visuelle.
On ne peut nier le soin apporté aux détails : les costumes, les décors, la photographie – tout est là pour en mettre plein les yeux. Mais la mise en scène, bien que spectaculaire, finit par paraître un peu mécanique, comme si elle servait un récit en quête de sens plus que de simple spectacle.
"Gladiator II" est donc un film qui oscille entre le grandiose et le superflu, captivant par moments, mais souvent trop lourd pour son propre bien. Ridley Scott livre une suite impressionnante dans sa forme, mais qui laisse une impression mitigée, partagée entre l’admiration et un certain détachement face à ce qui n’atteint pas tout à fait la grandeur du premier.