Ridley Scott c’est comme Claude Lelouch, d’un film à l’autre, je ne sais plus à quoi m’attendre. Après le décevant « Napoléon », j’appelle à la barre : « Gladiator II ». Bref, ça continue.
En tout cas, il semble avoir pris du plaisir à pondre ce deuxième volet. Il envisagerait d’en faire un troisième, on ne l'arrête plus…
En toute honnêteté, il y a des séquences qui m’ont plu comme le combat dans l’arène avec des babouins OGNisés et avec le rhinocéros.
Quant à la scène des requins
, aucun intérêt dans la mesure où le héros n’est pas impliqué.
Ridley Scott prend au dépourvu mon arrogance qui s’attendait dur comme fer
à une confrontation requin / Hanno-The Gladiator.
En soi les requins étaient une fausse piste
, ce qui était essentiel c’était la bataille navale.
A bien y réfléchir, qu’est-ce qui est essentiel dans ce « Gladiator II »?
En ce qui me concerne : pas grand-chose.
J’avoue ne pas avoir été impatient, le film s’est déroulé naturellement voire platement sous mes yeux.
Autre aveu : l’émotion n’a pointé son nez que pour les quelques images à « Gladiator » et la musique iconique qui les accompagnait.
Oui, Ridley Scott s’est fait plaisir en mettant en scène deux empereurs niais, Geta et Caracalla. Deux bouffons qui permettent de justifier les combats dans l’arène. Ils n’ont aucune profondeur, comme les requins, ils servent aussi de toile de fond.
Aucune profondeur pour Paul Mescal. Je n’ai rien contre cet acteur que je découvre, « Gladiator II » est un formidable tremplin pour assurer son envol.
Quoique…
Evidemment ceux qui ont aimé le film seront certainement séduit par le jeu de l’acteur, mais si je n’ai pas trop apprécié le film, ce n’est pas la faute à Paul Mescal mais à un scénario répétitif, sans grande inspiration, à une écriture assez plate qui ne permettent pas d’étoffer le jeu des acteurs, dont Paul Mescal.
Nulle question de tomber dans le « c’était mieux avant » mais impossible de ne pas faire référence à « Gladiator ». D’autant que Ridley Scott y insère quelques images. C’était du costaud à tous les étages, à commencer par l’écriture et les acteurs : Richard Harris, Russel Crowe et Joaquin Phoenix.
« Gladiator » et un film d’acteurs et d'auteur.
Il y avait de la profondeur dans tous les personnages. Ridley Scott avait pris le temps de les exposer. Dès l’entame du film, le spectateur reçoit en pleine face le caractère de Maximus, puis l’entretien entre Maximus et Marc-Aurèle intense ; ensuite l’entretien entre Commode et son père, très intense ; Maximus et Commode très très intense !
Il faut y ajouter les voix particulières de Russel Crowe et de Richard Harris. Pour cela, il faut les écouter dans leur langue. Et ça y joue beaucoup.
Sans compter la folie contenue, perceptible de Commode qui participe à installer une atmosphère pesante et dangereusement inquiétante.
C’était un brin shakespearien.
Dans ce « Gladiator II », tout me paraît artificiel à commencer par l’attitude de Hanno/Lucius dans son rapport avec sa mère qui ne m’a pas convaincu.
Une grande partie du récit se répète dans son architecture. On nuance la profession du personnage de Denzel Washington (Macrinus ) pour ne pas répéter celui d'Oliver Reed.
Justement, Denzel Washington est celui qui s’en sort le mieux devant Paul Mescal, selon moi. Alors qu’ils devraient être tous deux à équilibre égal sur la même balance. Ce qui était le cas dans « Gladiator ». Russel Crowe faisait jeu égal avec Joaquin Phoenix. Si Marc-Aurèle disparaît tôt dans le film, le fait d’évoquer le rêve de Marc-Aurèle, le fait de citer son nom, le fait de bafouer son héritage, me renvoyait la présence de Richard Harris.
Paul Mescal existe sans contestation mais il ne m’accroche pas, il ne m’accapare pas.
Il en est de même pour Pedro Pascal (Acacius), discret. Lui aussi sert de toile de fond, de prétexte à. Quant à Connie Nielsen, elle fait le job.
Tout comme Derek Jacobi aussi rappelé par Ridley Scott ; celui-ci l’a convoqué pour trois lignes de dialogue
et pour être exécuté rapidement. Une exécution, à peine visible dans l’arène.
Le sénateur que je croyais échaudé puisqu’il avait été arrêté par Commode répète la même erreur.
Ridley Scott en fait un têtu ou un imbécile !
Tant mieux pour Derek Jacobi, il vit de son métier et cumule des points retraite !
Cela résume le manque totale d’inspiration de Ridley Scott. Ça se répète et ce ne sont pas quelques nuances qui me convaincront du contraire. Quant aux Empereurs, je ne m’étalerai pas davantage, car Ridley Scott les a négligés selon moi. Ils sont là pour amuser la galerie et Ridley Scott.
Je retiendrai le personnage de Denzel Washington, Macrinus, personnage le mieux écrit ; naïveté ou pas, j’avais du mal à le cerner et j’ai été surpris de ses choix.
Malheureusement « Gladiator II » ne devrait pas se limiter qu’au personnage de Macrinus.
Ça n’engage que moi.
Cependant, je n’hésiterai pas à revoir le film à la téloche, sait-on jamais, une deuxième lecture peut m’amener à le reconsidérer…