Quand on entend cinéma polonais, on pense instinctivement à quelque chose de misérabiliste, comme un film de frères Dardenne qui se nourriraient exclusivement de chou. C’est faux : il existe un cinéma polonais plus populaire, qui franchit rarement les frontières mais dont chaque spécimen qui y parvient témoigne de la vitalité. Le plus souvent, il s’agit de Thrillers criminels et ‘Le fléau de Breslau’, basé sur les romans policiers de l’auteur Marek Krajewski, n’échappe pas à la règle, si ce n’est qu’il transpose dans un contexte contemporain ce qui se déroulait initialement dans la Wroclaw d’avant-guerre. Tout commence par un crime rituel, un cadavre mutilé cousu dans une peau de vache et abandonné sur un marché, bientôt suivi d’un autre, et d’un autre. L’inspecteur Helena Rús, déjà confrontée à ses propres démons, doit mener l’enquête. Tout cela ne vous rappelle rien ? Dans l’état où on le découvre à l’écran, par ses thèmes, ses personnages torturés et son climat nauséeux, ‘Le fléau de Breslau’ aurait aisément pu être écrit par un Jean-Christophe Grangerovski local, Si le scénario à la ‘Se7en’, se fait parfois un brin sur-explicatif, il reste capable de ménager de multiples rebondissements inattendus, et une autre de ses qualités est de balancer à la face du spectateur un âpre portrait à charge de la Pologne moderne, nation sclérosée dans laquelle la corruption, le mensonge et l’injustice règnent en maître, jusqu’à vicier les relations les plus ordinaires entre les individus. Pour revenir sur la familiarité qu’on peut éprouver vis-à-vis de son contenu, il est évident qu’il fallait s’attendre, vu la chape de plomb réactionnaire qui recouvre peu à peu la Pologne, à ce que que certains cinéastes fassent de la résistance et redoublent de radicalité, plutôt que de se couler dans le moule : de fait, ‘Le fléau de Breslau’ illustre mieux le Thriller “à la Grangé” qu’aucune production française n’y est parvenu avec la matériau original.