Alireza Motamedi serait-il le Woody Allen iranien ? Voilà un film iranien apaisé, nonchalant, poétique loin de ce qui m’est donné à voir habituellement. Dernièrement « Yalda, la nuit du pardon » retranscrivait un Iran oppressant, oppressif avec l’éternelle morale religieuse tournoyant au-dessus des têtes. Un Iran que je repousse. Ici, avec « Reza », la religion se confond dans un quotidien banal. Justement, banal est le quotidien de Reza qui ne se fait pas à sa nouvelle vie de divorcé. Ce n’est pas lui qui a voulu le divorce, c’est sa femme Fati après neuf ans de vie commune. Quand le film démarre, Reza et Fati vont valider leur divorce sous le sceau de la légèreté, en effet, Fati invite Reza à être plus grave, autrement le juge pourrait ne pas croire à cette décision et par voie de conséquence refuser la séparation. Quand le film démarre Reza et Fati s’entendent bien. C’est très étonnant et d’autant plus étonnant que le réalisateur se garde bien de nous en donner les véritables arguments. Fati semble bien vivre cette séparation contrairement à Reza, résigné. Et pourtant, il ne se résigne pas à l’aimer. La loi peut jouer pour lui car elle stipule que le couple a trois mois et dix jours pour revenir sur sa décision. Malgré tout, Reza et Fati continueront à se voir comme deux vieux amis inséparables. Pour un premier film, l’acteur réalisateur nous conte un récit d’une langueur qui peut en décourager beaucoup. Moi, le premier, j’avoue avoir eu par moments des manques au point de penser à autre chose et au point de n’avoir pas su capter de suite Violette. Le film a le rythme d’une balade du dimanche dans les bois. Et ce rythme distendu dessert parfois le récit. A cela s’ajoutent des plans quelque peu distanciés, rarement la caméra s’approche des personnages. Ce qui fait, à ma grande honte, qu’il m’arrivait de ne pas distinguer telle ou telle femme. A croire que je suis comme Hubert Bonniseur de la Bath : « Toutes ces femmes avec un foulard sur la tête se ressemblent ! ». Blague à part, en maintenant sa caméra à distance, Alireza Motamedi prend le risque aussi de mettre à distance le spectateur par ses quelques plans étirés et fixes. Cela dit, je lui reconnais un sens du cadrage. Les couleurs ont aussi leur importance, couleurs de l’intérieur des mosquées, de la nature, des éléments ocres et jaunes qui composent l’intérieur de la maison de Reza. Et le film ne manque pas d’humour. Enfin, il nous montre un portrait de la femme iranienne assez surprenant. Des femmes émancipées ! Est-ce le fait que le récit se passe en province, à Ispahan ? Toujours est-il, c’est agréable de voir ces femmes, même avec un foulard sur la tête, se comporter avec caractère, avec affirmation et libres. A moins que Motamedi sert une propagande iranienne ?! Mauvais esprit que je suis ! Je veux rester dans l’esprit du récit, poétique et sans arrière mauvaise pensée. A suivre, à voir et à écouter si possible en V.O pour la langue perse.