Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Vladimir.Potsch
20 abonnés
389 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 30 mars 2008
Ce film devait être réalisé par Jean Pierre Mocky, qui a porté le projet dès le départ. Les producteurs hésitant à confier la mise en scène à un novice, il fût finalement réalisé par George Franju. Jean Pierre Mocky dût se contenter du rôle principal, celui d'un jeune homme un peu troublé, mais loin d'être fou, que son père, avec qui il a une relation tumultueuse, enverra dans une institution psychiâtrique. Comme dans Vol au dessus d'un nid de coucous, on s'identifie à un homme qui n'est pas à sa place au milieu des malades et que la société veut seulement canaliser, quitte à le priver de liberté. Comme cet homme n'est pas fou, il cherchera à s'évader de cet univers de confinement, mais c'est justement ce qu'attendent à la fois l'institution et surtout ceux du "dehors" pour considérer qu'il à sa place dans cet endroit. Grâce à une musique troublante, voir angoissante, de Maurice Jarre, à une interprétation très haut de gamme, ainsi qu'au style sec, quasi bressonien, de Franju, le constat est d'une grande force. Le film fustige une société étriquée, particulièrement celle des années 50 en France, dans laquelle ceux qui n'avaient pas une attitude conforme à une certaine morale bourgeoise, ou ceux qui exprimaient une révolte, pouvaient attérir dans un asile.
En guise de premier long-métrage, Georges Franju a signé en 1958 un très beau film sur l’isolement en hôpital psychiatrique, qui a sans doute même inspiré Vol au dessus d'un nid de coucous. Cette œuvre réussit à être troublante du fait de son ambiance oppressante, transcendée par une mise en scène dans la droite lignée du réalisme poétique, et des rapports de force tendus entre le personnel médical et ses patients. Profitant d’un casting quatre étoiles (Jean-Pierre Mocky, Pierre Brasseur, Charles Aznavour…) ainsi que d’une équipe technique de premier choix (à la lumière Eugène Schüfftan, ancien responsable des effets spéciaux sur Metropolis de Fritz Lang, une musique de Maurice Jarre… et un jeune assistant opérateur du nom de Claude Zidi), La tête contre les murs est un thriller d’un éclat visuel impressionnant avec un scénario solide et invieillissable.
Il y ce que le cinéma nous tend, ces films qui sonnent à l'oreille de tous le monde, et les autres, ceux qu'il faut aller chercher. Et alors que tant de noms surgissent quand on parle du cinéma français des années 60, alors qu'on discute Truffaut et Godard on passe sous silence Franju. peu édité, peu diffusé, son oeuvre s'étale pourtant sur la majeur du 20ème siècle et ses actions (la création de la cinémathèque) ont aujourd'hui encore des répercussions. Pourquoi un tel anonymat alors que "La tête contre les murs" bénéficie d'acteurs prestigieux (Brasseur, Aimée, Aznavour, Mocky...), d'une histoire magnifique et d'une mise en scène à tomber? Le choix des cadres, les dialogues, tout semble évident tant chaque image est maitrisée. les relations entre les personnages ne sombrent jamais dans une psychologie de bazar, ça parle du reniement de l'atavisme, ça parle de la fragilité d'aimer, sans pathos, simplement, sincèrement si tant est que ce soit possible. Et malgré ces évènements bien réels, Franju fait jaillir la poésie de l'écran, comme ça, avec sa caméra, en s'attardant sur les détails qui semblent anodins. A découvrir, pour la culture, pour le plaisir surtout.
Étrange alchimie, qui n’avait rien d’évidente au départ, mais qui fonctionne très bien, entre la révolte, le romantisme désespéré du jeune J.-P. Mocky et le sens poétique de Franju. Le film date de la fin des années 50, mais d’une certaine manière c’est un superbe surgeon du grand cinéma français des années 30. P. Brasseur et P. Meurisse sont des vedettes de ce cinéma là, la mise en scène de Franju a parfaitement assimilé le style réaliste poétique, comme le fantastique stylisé et surréalisant d’un Cocteau (dont la filmographie occupe plutôt les années 40), l’image elle-même est façonnée par de grands artisans de l’époque. Franju joue à merveille du sens symbolique de l’image sans jamais tomber dans la lourdeur. L’histoire est forte et poignante. Dans l’interview en bonus du DVD, Mocky pousse tout de même le bouchon un peu loin en faisant de « La tête contre le mur » le film quasi-unique sur l’internement psychiatrique (et les Mabuse, et "Bedlam" et "Vol au dessus d‘un nid de coucous" …). On lui accordera que c’est sans aucun doute le grand film français sur le sujet.
L'intérêt présenté par le premier long-métrage de Georges Franju n'est pas forcément celui auquel on pourrait a priori penser. Si l'on s'attend à ressentir le caractère insoutenable de l'enfermement dans un scénario à rebondissements, alors le film est loin de tenir ses promesses. La beauté tenace de "La tête contre les murs" réside plutôt dans le désespoir des personnages de Gérane et de Heurtevent, qui veulent s'échapper de ces murs parce qu'ils savent que leur place n'est pas là. La souffrance est moins liée à l'architecture du lieu puisque ce dernier laisse au contraire de la place aux éléments naturels – mis en scène avec un sens de la féerie déconcertant (une manière de rendre le réel moins douloureux) –, qu'aux représentations distinctes des conditions de vies des malades. En mettant en scène deux médecins dont les méthodes divergent au sein d'un même institut, c'est un problème sociétal qui est soulevé : quelle position est la plus défendable ? Celle du docteur Valmont, qui pense que son devoir est d'isoler les malades pour ne pas qu'ils gangrènent la société ou celle du docteur Emery, qui veut surtout rendre leur quotidien moins pénible et tout faire pour les aider à se réinsérer ? Franju semble prendre le parti du docteur Emery (Paul Meurisse, tout en douceur contenue et résignée) mais il n'accable pas pour autant Valmont, dont la monstruosité apparente – Pierre Brasseur, semblable à un ogre – n'est jamais creusée en profondeur. Franju ne signe pas le grand film anxiogène que laisse présager son synopsis mais un long-métrage flottant dont le réel poétique envoûte plus qu'il n'effraie.
Franju disait vouloir faire un documentaire avec la Tête contre les murs, il réalise un film particulièrement réussi sur le thème de la folie et de l'hospitalisation en centres psychiatriques. De très belles scènes, comme celle dans laquelle les deux psychiatres confrontent leurs manières de procéder. Le casting (Jean-Pierre Mocky, Anouk Aimée, Charles Aznavour ...) efface les quelques moments pendant lesquels le film, vu d'un oeil contemporain, est un peu longuet ou en perte de réalisme total dans les détails. Avec une atmosphère assez inquiétante, parfois expressionniste ou fantastique, et une bande sonore brutale, la tête contre les murs est d'une "beauté folle", comme disait Jean-Luc Godard.
13 804 abonnés
12 441 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 20 mars 2023
A se manger les murs ce premier long-mètrage de Georges Franju! A en perdre la raison! Jean-Pierre Mocky, Anouk Aimèe et Pierre Brasseur dans l'un des films les plus achevès du cinèaste abordant dèjà à l'èpoque l'univers psychiatrique! D'après le roman de Bazin, le film dènonce à sa manière la puissance de la bourgeoisie et ses mèthodes nouvelles, ici l'enfermement d'un marginal fier de n'aimer personne en asile psychiatrique! Un ètablissement en pleine campagne où la plupart des malades sont inoffensifs, ceux dont la dèmence n'est pas encore bien dèfinie! Symboles de la vie, trouble du caractère et du comportement à observer pour certains où l'on apprend à vivre ensemble et à regarder les murs pour mieux s'en souvenir! spoiler: Une scène choc : la crise d'èpilepsie de Charles Aznavour dans une nuit au couteau! Dans le genre, "La tête contre les murs" (1958) est une rèussite dans laquelle Franju maintient un propos autrement rèaliste et poètique...
« La tête contre les murs » sorti en 1975 et tiré du roman éponyme de Hervé Bazin, devait être tourné par Jean-Pierre Mocky mais les producteurs étant frileux, Mocky s’arrangea avec Georges Franju l’auteur de films documentaires. Revu en version restaurée 4K, ce film reste poignant. François Gérane (Jean-Pierre Mocky), le fils désœuvré d’un ténor du barreau parisien, tente pour rembourser ses dettes, de voler son père qui via un ami médecin le fera interner dans un asile près d’Amiens en plein champs du moins à l’époque. Il est dans le service du Dr Varmont (Pierre Brasseur) avec son grand tablier de médecin et ses méthodes hors d’âge, le rôle du psychiatre étant pour lui de « guérir quelques aliénés (probablement très peu) et de protéger la société ». François va se lier d’amitié avec Heurtevent, un jeune homme très mélancolique depuis qu’il a été refusé dans la marine (Charles Aznavour) et qui aspire à être accueilli dans le service du Dr Emery (Paul Meurisse) qui lui en costume de ville préconise une thérapie plus douce prenant en compte la personnalité de chaque patient avec – fait sûrement rare à l’époque – des séances d’ergothérapie. Seule Stéphanie (Anouk Aimée) rend visite régulièrement à François qui n’a en tête que l’idée de s’échapper de cet asile/prison. spoiler: Une première tentative se soldera par un échec du fait que Heurtevent fera une crise d’épilepsie et lors de sa seconde tentative François aura le malheur d’aller à Paris chez Stéphanie où il sera coincé par la police… pour retourner dans l’asile probablement à vie.
Un film superbement interprété avec une musique troublante de Maurice Jarre, un film sans aucun pathos, critiquant la société des années 50-60 et qui n’est pas sans faire évoquer « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Milos Forman (1976).
" La Tête contre les murs" est un film en N&B, réalisé par Georges Franju en 1958. Son adaptation du roman d'Hervé Bazin est une belle réussite. Georges Franju ne fait pas dans la dentelle avec ce Drame familial aux dialogues graves et pertinents. Avec quelques scènes très dures, sa mise en scène sans faille nous distille parfaitement le climat des asiles "d'aliénés" agissant pour "le bien de la société". Unis par les rôles et par leur talent, Anouk Aimée et Jean-Pierre Mocky sont vraiment très beaux dans ce film. Ils sont entourés d'acteurs prestigieux comme Pierre Brasseur ou Paul Meurisse, et de Charles Aznavour dans un rôle secondaire et néanmoins remarquable d'un non violent épileptique.
La Tête Contre les Murs est un film réalisé par Georges Franju et sorti en 1959. Ce long métrage, adapté par Jean-Pierre Mocky d'un roman d'Hervé Bazin, est assez ennuyeux en raison de son manque de rythme évident. Il convient de noter la performance délivrée par Charles Aznavour, en nuance et en subtilité, contrairement à la performance de Mocky qui est beaucoup plus inégale. Le sujet du film est intéressant mais malheureusement traité sans trop d'approfondissement. Pierre Brasseur et Paul Meurisse sont globalement en retrait et les séquences avec Anouk Aimée sont dispensables et n'apportent rien à l'histoire. Bien que traitant d'un sujet peu courant à l'époque, La Tête Contre les Murs est un film dispensable, assez peu marquant.
En même temps d'une critique de la société, il est sûr que ce film reste une belle fable sur l'"isolement" voulu ou non, malgré quelques passages plutôt sombres ou décalés: Toutefois la fin laisse présager un certain espoir.
Un film très intéressant a rapprocher d'un "enfant attend" où le sujet finalement est prétexte à une réflexion sur la maladie mentale. Voilà un métier qui est honorable et j'imagine très difficile. Le débat au milieu du film est le sujet crucial. Priver de liberté pour le bien des autres ou le bien du malade. Terrible sentence pour ce jeune qui ne peut plus s'accomplir et devient condamné à devenir.... fou
Avec son premier long métrage, Georges Franju explore le monde oppressant d'un asile psychiatrique et en dénonce les méthodes. Dommage que l'histoire ne soit pas très passionnante et manque d'intensité malgré un casting prestigieux.
Un film qui ne prend pas, trop fonctionnel, tout entier tourné vers une dénonciation lourdement explicitée dès le carton d’ouverture. Le personnage est creux et le scénario tente de nous intéresser à son sort de façon trop mécanique, par exemple en lui collant dans les pattes une romance complètement inconsistante. On s’ennuie donc un peu, malgré une réalisation soignée et quelques noms prestigieux au casting (Anouk Aimee, Aznavour, Paul Meurisse, Pierre Brasseur). Il reste quand même la peinture de ce système psychiatrique qui fait froid dans le dos, sorte de secte dotée de moyens policiers. L’intention est donc évidemment louable, et sans doute novatrice, 15 ans avant Vol au-dessus d’un nid de coucou (le film) et 60 ans avant Paranoïa de Soderbergh.
Georges Franju nous livre un film plutôt réussi sur l’univers de la psychiatrie. Très abouti dans la description du mal-être des personnages secondaires, notamment celui d’Heurtevent joué par l’excellent Charles Aznavour. Je trouve toutefois que Georges Franju rate le cœur de la cible avec le personnage principal. Là où le roman d’Hervé Bazin arrive à nous suggéré la folie qui s’installe insidieusement en François Gérane (Prénommé Arthur dans le roman), le film a bien du mal à la mettre en évidence. Dommage, puisqu’il s’agit là du point essentiel du scénario…