Le film de Gregory Magne n’est pas une énorme surprise cinématographique, sous quel angle que ce soit, mais au moins ce n’est pas une mauvaise surprise et c’est déjà pas mal ! La réalisation de Magne est réussie, son film est plutôt bien tenu, avec des scènes de comédie assez fines, qui alternent avec des moments plus douloureux, plus tendres aussi. Il passe bien, même si on a l’impression au bout d’une heure qu’il tourne un tout petit peu à vide : le postulat de départ étant posé très vite (deux caractères qui s’opposent et finissent par s’apprivoiser, rien de nouveau sous la soleil), il faut du temps au film pour changer de ton et devenir plus dramatique. La musique de Gaétan Roussel est très sympa, il y a quelques plans intéressants, des jolis paysages bien mis en valeur, tout cela est bien maitrisé, très professionnel. La meilleure surprise du film, au final, c’est Gregory Montel. Autant Emmanuelle Devos est dans une composition de femme fermée, un peu hautaine et cassante (mais fragile) qu’elle a déjà éprouvé, et qu’elle maitrise très bien, autant Grégory Montel est surprenant. Je ne connais pas bien cet acteur mais déjà, dans la série « Dix pour Cent » je l’avais remarqué. Attendrissant et lui aussi en souffrance (son divorce se passe mal et sa fille lui manque) mais pas du tout pathétique, son personnage est immédiatement crédible et très attachant. Grégory Montel lui donne une vraie profondeur, réussit à faire passer à l’écran une vraie émotion sans jamais céder à la facilité. Il y a beaucoup de pudeur dans son personnage et son interprétation, je trouve, et c’est une très jolie surprise. Les seconds rôles sont eux moins bien croqués, on a le patron d’agence de chauffeur de maitre qui, on ne sait pas pourquoi, gère son affaire dans un restaurant chinois, un peu bourru mais pas mauvais bougre. Il y a aussi l’agent de Walberg, très focalisé sur le montant des prestations qu’elle déniche et semble évoluer dans une autre monde, sans psychologie ni affect. Et puis il y a aussi Sergi Lopez dans un rôle un peu trop court de médecin,
avec à la clef les prémisses d’une histoire d’amour en gestation, que le film se contente de suggérer par toutes petites touches.
Mais c’est bien le tandem nez/chauffeur qui nous intéresse. Comme je l’ai dit, le coup des deux caractères opposés qui se percutent et qui finissent pas nouer une certaine amitié, c’est vieux comme le cinéma ! La femme du monde, bien friquée, hautaine et maniaque d’un côté, le bon gars avec les pieds bien sur terre et en galère financière de l’autre, ils n’ont rien en commun mais vont se trouver,
se « sauver » peut-être mutuellement.
D’emblée, on imagine où le scénario vous emmène, de ce côté-là pas de surprise. Il y a deux caractères qui s’affrontent (source de comédie)
et dans le dernier quart d’heure du film, un moment de tension et de suspens, qui d’une certaine façon rebat enfin les cartes d’une l’intrigue qui commençait à ronronner et voilà, le film peut se terminer comme prévu !
C’est un peu énervant de voir et de revoir ce schéma encore et toujours… Le scénario nous en apprend un petit peu sur les parfums, les odeurs, la façon de les appréhender et de les travailler. On est presque tenté, au sortir de la salle, d’essayer de discerner et isoler les différents parfums qui nous entourent, preuve que le film a malgré tout fait son petit effet. Forcément, le personnage d’Anne Walberg cache un secret que l’on a deviné très vite, du coup, on a malgré tout une certaine indulgence pour cette diva qui semble tellement autocentrée qu’elle flirte parfois avec la caricature. « Les Parfums » souffre d’un scénario sans surprise et de personnages dessinés parfois à gros traits. Le film se suit sans déplaisir mais il ne laissera pas un souvenir impérissable au spectateur. Disons qu’il est très accessible, très grand public, et qu’il fera sans doute un bon audimat quand il sera le « film du dimanche soir ». Si on cherche un film léger et agréable comme une fragrance d’été pour un retour en salle post -confinement, c’est plutôt un bon plan ! Si on cherche un grand film inoubliable pour renouer avec le 7ème art, on sera déçu.