Pas déplaisant sans être incroyable, cette comédie légère suit un duo atypique : un nez de profession qui ne peut pas sentir les gens, accompagné de son chauffeur au flair sous-estimé. La particularité de cette fiction traditionnelle, c'est évidemment son personnage qui stimule un sens qu'on met totalement de côté en allant au cinéma : notre odorat. J'ai repensé alors à l'adaptation du roman de Patrick Süskind, Le Parfum, réalisé par Tom Tykwer en 2006, beaucoup plus organique et charnel que ne l'est ce portrait réaliste. Les odeurs, ici, sont douces et diffuses, jolies et drôles. C'est interessant de placer ce sens au centre d'un scénario de cinéma : comment une odeur définit une personne ? Comment se situe-t-on face à une odeur ? Quel rapport ont les odeurs sur nos humeurs ? Ainsi, gazon fraichement coupé, grotte humide, bord de plage et usine polluante viennent éveiller nos narines avec une grande simplicité. C'est par le biais d'Emmanuelle Devos, en nez hors pair, qu'on traverse ces odeurs, ces humeurs. Elle campe un rôle revêche, associable et antipathique, se contentant de petites missions en province (l'Alsace, encore !) pour gagner sa vie suite à la perte de son odorat quelques années auparavant. Elle apporte subtilités et nuances, surtout face à son chauffeur, Grégory Montel, qui, par la carte de la naïveté, fait pencher la balance de la comédie. Tout ce qui est secondaire à ce binôme passe un peu à la trappe ; les tribulations avec la garde de sa fille unique, le rapport à son patron ou encore la romance naissante avec Sergi Lopez ornent cette comédie sans l'embellir pour autant. Malgré son originalité, ça manque pour moi de panache et d'accroche. La mise en scène aurait gagné à se déstructurer un peu plus, avec des variations de plans, un peu plus de vide au lieu d'enchainer les dialogues bateau. Les notes de piano qui accompagnent ce road-trip ne le servent pas du tout et le rendent encore plus niais qu'il ne l'est. Je ne me suis pas ennuyé pour autant, car l'histoire a le mérite de tenir en haleine. Mais bon, le geste de Grégory Magne reste trop basique ! A mon goût, ça aurait pu aller plus loin tout en conservant cette classe à la française, cette pudeur de l'exagération dont semble se préserver cette comédie pince-sans-rire.