On est parfois déçu de découvrir qu'un film promotionné ne mérite pas ses promesses, ce film dont je n'attendais pas grand chose, si ce n'est qu'un divertissement, m'a par contre surpris par sa qualité, son interprétation, et sa modernité. Line Renaud a raison de considérer qu'il s'agit là d'un des plus beaux rôles de sa carrière. Cet extrait d'interview de l'actrice ma paru très pertinente: "L’histoire d’Huguette, c’est l’histoire d’un nombre malheureusement grandissant de personnes âgées, dont beaucoup se retrouvent à la rue, sans rien, sans personne, sans véritable retraite, alors même qu’elles ont travaillé toute leur vie pour les autres. Le sort des personnes âgées me touche énormément. Quand j’ai lu le scénario, j’ai compris que ce serait là peut-être un de mes plus beaux rôles et je n’ai pas hésité.
On sent qu'effectivement l'actrice a totalement investi son personnel, et le fait vibrer. Un film de passage de témoin, empathique, terriblement humain, s'intéressant à la fois aux problèmes du début de l'existence, à travers cet ado en difficulté à l'école, avec les problèmes associés, et à la fin de vie, à la fois dans la dimension sociale, et à la solitude.
Le scénario oscille entre ces deux symétries de la vie, dont le personnage de la mère, au centre de l'action, joué par Charlotte Gainsbourg, est tout dans la retenue et la justesse.
Dieu merci, le scénariste ne s'est pas complu à rajouter une histoire d'amour annexe, liée à cette jeune femme séparée, qui aurait gâché la justesse du scénario, parfaitement serré, tenant son sujet à la perfection. Deux sujets, devrais je dire, mais se serait oublié que les deux histoires, celle de la vieille dame et de l'ado, se tiennent l'une à l'autre. Un très beau film, un de ceux qui nous rendent heureux, comme jadis les films de John Capra, avec les notions d'empathie, de résilience et de sens des responsabilités, sans oublier l'humour, et la poésie. Et cela, sans être mièvre ou complaisant. . Un film qui fait suite dans les questions qu'il pose sur le harcèlement scolaire, la force et la fragilité de la jeunesse, à celui qui était passé sur Arte aussi il y a quelques jours. "La fille au bracelet", de Stéphane Dumoûtier.
Bravo donc aussi à Antoine Garceau, metteur en scène de grand talent.