La série des ‘Bigfoot…’ de chez nWave, à l’image de celle des ‘Samy’ quelques années auparavant, constitue l’apothéose commerciale et médiatique de l’animation made in Belgium, à défaut d’être ce qu’elle a pu proposer de plus mémorable ou de plus passionnant : ce ‘Bigfoot family’ affiche ouvertement sa quête d’universalité et sa volonté de plaire à tous les publics. Pour atteindre cet objectif, il peut compter sur la familiarité minimale déjà établie avec les personnages, qui étaient attachants dès le premier épisode, sur ses animaux qui parlent en guise de comic-relief, ses péripéties menées à un rythme soutenu (mais sans hystérie) et son plein seau de clins d’oeil pour adultes et enfants avertis. Techniquement, on se situe dans un “milieu-de-gamme” international tout à fait correct et outre l’indépassable discours sur la famille, ‘Bigfoot family’ affiche des valeurs écolo sympathiques et pas trop bébêtes puisque la cible est le greenwashing hypocrite des multinationales. Il n’y a vraiment que dans la verve humoristique, point faible récurrent des productions nWave, que des efforts doivent encore être accomplis. Donc, oui, très clairement, ‘Bigfoot family’ est un chouette film d’animation, certainement pas un chef d’oeuvre qui mettra tout le monde d’accord mais une réussite honorable, qui n’a pas à rougir face à la concurrence. Reste que le même problème se pose à nouveau, avec toujours plus d’acuité: on peut reprocher à celui-ci comme à son prédécesseur d’avoir bradé toute spécificité pour s’adresser à un coeur de cible élargi. Dès lors que, de la recette narrative à l’approche visuelle en passant par le personnage folklorique et le décor, tout, dans ‘Bigfoot family’ est “américain”, si ce n’est pour pousser un petit cocorico cocardier, existe-il une raison de favoriser un film d’animation qui assure bien...mais quand même un peu moins bien que ceux des géants américains