Ouch, Driven fait partie de ces films qui se sont fait descendre méchamment par la critique. Certes ce n’est pas un bon film, mais je crois quand même qu’il n’appartient pas au pire.
Coté casting on a des acteurs de diverses générations, qui se rencontrent, et qui ne sont pas tous au même niveau. Au sommet c’est clairement Burt Reynolds qui tire son épingle du jeu dans le rôle d’un chef d’écurie dur mais pas caricatural. Ses apparitions relèvent souvent le niveau, et il joue avec sérieux. D’ailleurs il n’est pas rare qu’il paraisse déconnecté au milieu du reste, tellement il se démarque. Sylvester Stallone, qui a tenu plusieurs postes dans ce film, semble investi dans son personnage, mais malheureusement celui-ci manque de crédibilité et de relief. Il apparait souvent comme secondaire et inutile entre les deux jeunes pilotes, et du coup il a du mal à accrocher. Les deux jeunes pilotes en question sont inégaux. Kip Pardue n’est franchement pas très enthousiasmant et son personnage est relativement agaçant, un peu tête à claque par moment. Globalement il dégage beaucoup de fadeur. En face Til Schweiger n’a pas grand-chose à faire pour lui voler la vedette, et clairement à la fin c’est lui qui domine par une présence nettement plus charismatique et un jeu plus consistant. Coté féminin les actrices sont surtout là pour le charme, plus que pour autre chose. Il y en a pour tous les gouts, mais leurs rôles sont fades, entre la journaliste vaguement amoureuse de Stallone, l’ex-femme horripilante, la blonde qui ne sait pas qui choisir…
Le scénario est très peu enthousiasmant, c’est vrai. Les scènes de courses sont certes bien présentes, c’est déjà ca, mais les intrigues qui les lient sont très minimalistes, on ne sait pas où le film veut nous mener tant il multiplie les circonvolutions invraisemblables, la fluidité est atroce. En fait Driven est terriblement superficiel, n’arrivant pas à insuffler un minimum de puissance, de tension, de suspens, d’émotion aussi dans un scénario qui pourtant s’y prêtait, comme de nombreux film sur le milieu sportif en général. A noter aussi la conclusion particulièrement timorée.
La mise en scène bouffe les yeux ! Ca c’est clair. Harlin fait de l’esbroufe, du clinquant, et à force ca devient du n’importe quoi, ridicule plus d’une fois. Les images se succèdent à un rythme épileptique, ca se veut stylé mais c’est totalement risible (surtout lorsque les effets numériques s’y mettent !). Une seule bonne chose : les scènes de course qui, lorsqu’elles ne sont pas à moitié polluées par des effets de style illisibles s’avèrent convaincantes, notamment les scènes d’accidents. Pour le reste ce n’est pas à la hauteur de Renny Harlin. La photographie est non moins tape-à-l’œil, mais à la limite ca va assez bien avec le milieu décrit dans le métrage. Il y a un coté clinquant, artificiel, qui passe pas trop mal, même si à l’œil c’est plus fatiguant qu’autre chose. Les décors sont corrects pour leur part, avec une ambiance sur les circuits crédibles et bien restitué. Les effets spéciaux sont inégaux, mais le film date aussi de 2001, alors il y a certaines choses de pardonnables. Je dirai que le malaise vient lorsque le réalisateur en rajoute dans le détail foireux (plaque d’égouts qui se soulèvent) ou dans l’excès de zèle (il y a un doublement sur la fin d’une laideur infâme). Pour le reste ca va, et de solides effets pyrotechniques et des cascades globalement de qualité permettent d’équilibrer la donne. La bande son pour sa part est d’une richesse pléthorique. Tout les genres y passe, jusqu’à Era, c’est pour dire ! Alors forcément une musique omniprésente c’est parfois assez épuisant, surtout lorsque ca nécessite de se forcer pour parvenir à attendre les dialogues entre les ronflements des moteurs et la musique trop forte. De surcroit tout les choix musicaux ne sont pas pertinents en rapport avec les images, certes (je ne parle d’ailleurs pas d’Era, surement celle qui se trouve justement le plus à sa place), mais dans l’ensemble c’est assez réussi.
En conclusion le gros souci de Driven c’est sur le fond. Le scénario est mauvais, épuisant, et n’exploite du milieu de la course automobile, que l’image de façade, jamais ce qu’il y a derrière. C’est quand même très dommage. A cela se rajoute une mise en scène digne de Torque, sauf qu’elle vient de Renny Harlin, réalisateur plutôt correct d’habitude. Laide, fatigante, elle n’est pas à la hauteur. Les acteurs inégaux et dotés de personnages squelettiques finissent de renforcer la mauvaise impression globale, et dans un film à 80 millions de dollars, sur lequel repose des exigences forcément supérieures à la série Z du coin, ca a du mal à passer.