Plutôt peu connu, comme la majeure partie du cinéma d’Europe de l’est, j’avais vaguement entendu parler de ce film, et, amateur du cinéma slave, était curieux de le découvrir. J’ai bien fait. Requiem pour un massacre (titre tellement moins beau que son titre russe) est un film qui mérite son statut de chef-d’œuvre. Comme tout film de l’ex-URSS, les acteurs sont parfaits, complètement investis par leurs rôles, ces-derniers étant écrits avec une finesse indiscutable. Le scénario est puissant, parfaitement gradué jusqu’à l’explosion finale, évoluant entre moments de bravoure, scènes d’anthologie, et chocs émotionnels. Le rythme est lent par moment, mais pas rebutant, en particulier grâce à sa photographie, son ambiance sonore. Là encore comme beaucoup de films soviétiques, il y a un réel perfectionnisme, et la mise en scène de Klimov ne déroge pas à la règle. Certains plans sont très audacieux, et au début cela peut déconcerter le spectateur peu habitué. Reste qu’Idi i Smotri est une grande œuvre, puissante en tout point. S’il est bon peut-être pour avancer de ne pas se retourner constamment sur le passé, ce film est plus que recommandable. D’une profonde tristesse, il déploie un lyrisme à fleur de peau tout à fait exceptionnel. Un métrage émotionnellement fort, qui réussit l’exploit d’être à la fois d’un réalisme brut, sans concession, sans fioriture, et d’une poésie allégorique et métaphorique à la beauté terrassante. A faire connaitre absolument !