Oubliez tout ce que vous avez déjà pu voir sur la deuxième guerre mondiale. "Il faut sauver le soldat Ryan", "Le Jour le plus Long", "Band 'O Brothers"... Ces films-là, tous anglo-saxons, pâlissent à côté de ce film russe traitant d'un sujet quasiment jamais abordé : l'invasion allemande de la Biélorussie. Oubliez le formatage américain, passez du côté soviétique, avec sa sensibilité spécifique. On est loin du polissage (relatif bien sûr) qui caractérisent les films US. Tout est sombre, glauque, dérangé. La musique de fond, ou plutôt les bruitages et les effets sonores très nombreux et quasiment omniprésents, servent admirablement le propos et amènent une touche indéniable de confusion, d'irréalisme, de sordide, d'épouvantable au traitement cru des images, délavées, dépourvues de couleurs, uniformes, aussi austères que l'hiver biélorusse. Et, pour servir le tout, des acteurs absolument impeccables. Le premier rôle, celui de l'adolescent qui, par rêve ou inconscience, décide de prendre les armes pour servir son pays contre l'envahisseur allemand, déclenchant par cette simple décision un enchaînement d'actes tous aussi improbables et destructeurs les uns que les autres. Visuellement, humainement et du point de vue de la narration, c'est une claque permanente, une torture psychologique qui ne s'arrête pas. Ce film devrait être montré à tous ces écervelés dans le monde, dont le nombre grandit malheureusement de manière inversement proportionnelle au nombre de témoins de cette horrible période encore vivants pour nous en parler aujourd'hui, à ces imbéciles donc, qui recherchent, par ignorance, idéalisme, haine ou simple stupidité, à résoudre leurs problèmes par les armes. La guerre est la pire des solutions. Mais à force de jouer avec les haines, il finiront par s'en rendre compte eux-mêmes. Mais il sera trop tard pour éviter l'horreur.