Depuis que le super-héros Samaritan et le vilain Nemesis ont disparu avec leurs noms supra-inventifs dans les flammes de leur ultime affrontement, la ville de Granite City a sombré dans la misère économique et sociale. Au sein des quartiers les plus pauvres gouvernés par les gangs, le souvenir de l'espoir laissé par le super-héros ne subsiste que par des graffitis, à part égale avec ceux dessinés à la gloire de son adversaire promoteur de l'anarchie.
Un jour, Sam, un jeune habitant des lieux et fan du Samaritan, est sauvé d'une bagarre par Joe, un de ses voisins âgé mais doté d'une force herculéenne. Ça ne fait désormais plus aucun doute aux yeux du petit garçon, son voisin est le super-héros qu'il idolâtre depuis des années !
Un gamin tiraillé entre l'image idéaliste de droiture super-héroïque et l'argent facile des gangs, un possible super-héros en quête de rédemption ou encore un néo-vilain qui va, évidemment au même moment, ressusciter le nom de Nemesis dans les esprits... À part la dichotomie entre sa naïveté ambiante et un contexte de précarité sociale prononcée (caricature des maux de notre réalité), on ne peut pas dire que "Samaritan" cherche à réinventer la poudre en matière de récit de super-héros sur le retour. Avec un curseur de tonalité placé à la hauteur de la vision enfantine de son jeune héros, le film fait sur le fond à peu près tout ce que l'on peut attendre de lui, privilégiant les péripéties les plus évidentes et les bons gros sentiments de la relation de (grand-)père/(petit-)fils de substitution entre ses personnages principaux, le tout au sein d'un univers de super-héros si cliché qu'il en devient forcément cheap avec un faible budget.
Mais "Samaritan" a un atout de poids: Sylvester Stallone. Sous couvert de sa première véritable incarnation littérale d'un super-héros, le comédien de 76 ans (à l'origine du film) se glisse finalement une nouvelle fois dans un récit et un personnage aux contours plus que familiers: un bon samaritain fracassé, tendre, qui va forcément casser un large éventail d'os à ceux se mettant en travers de sa route. Et, si vous aimez le bonhomme rien que pour ça, "Samaritan" vous récompensera, le film utilisant l'aura mythique de l'acteur à sa juste valeur, quelque part entre l'hommage et la déclaration d'amour à tous ses rôles qui en ont constitué l'essence et conquis le cœur de millions de spectateurs à travers les décennies. Cela sonne comme une évidence, Julius Avery ("Overlord") est l'un d'entre eux et, lorsque le temps de séquences plus physiques vient pour un Stallone plus fatigué, le cinéaste utilise son sens de la débrouille pour mêler à la corpulence toujours impressionnante de l'acteur la nature super-héroïque de son personnage. Tout n'est clairement pas du meilleur effet (le budget encore) et l'âge avancé de Sly se fait bien entendu sentir mais, grâce à certaines astuces, "Samaritan" lui offre quelques belles occasions de faire tout ce pourquoi on l'aime, et ce autant en termes de bourre-pifs généreusement distribués que de mièvrerie pas très finaude.
En bout de course, le long-métrage tentera même de jouer sur nos attentes et certitudes habituelles vis-à-vis d'un tel film avec Sly via sa meilleure idée -la seule à apparaître comme un grain de sable dans cet ensemble trop convenu- mais celle-ci laissera un goût d'inachevé, faute d'être exploitée à sa pleine mesure.
Le manque d'audace et de folie autour de ce super-Stallone ne lui permettra donc pas de laisser un souvenir impérissable dans les mémoires mais, si vous y venez essentiellement par amour de l'acteur, "Samaritan" saura par moment vous faire retrouver les mêmes yeux que le jeune Sam pose sur son héros.