À la vue de l'affiche, je m'attendais à une sorte de clone de Matrix, abusé par la tenue vestimentaire des personnages et leur attitude, vaguement similaire.
Que nenni !
Equilibrium est une véritable perle, qui n'a rien à voir avec les Matrix, que j'apprécie beaucoup par ailleurs. Quand Matrix nous parle de mondes virtuels, de logiciels incarnés et de machines, Equilibrium nous parle d'un monde bien réel, après une guerre nucléaire.
Mais il s'agit d'un monde, ou plutôt d'une mégalopole, Libria, entre les mains d'un pouvoir totalitaire qui prétend sauver l'humanité en inhibant et interdisant, sous peine de mort, tout sentiment humain, quel qu'il soit. Car ce sont les sentiments et la nature humaine qui seraient à l'origine des guerres, de la haine, des divisions, mais aussi de l'amour, interdit lui aussi. Un tableau, un livre de poèmes, une lampe ancienne, et même une légère intonation de voix non neutre peuvent vous faire exécuter ou brûler vif ! Ici, tout doit être gris, lisse, froid et rationnel.
Le film retrace la lente mutation de l'"Ecclésiaste" Preston, serviteur zélé du régime, et expert en "gun-kata", sorte d'art martial inédit combinant kung-fu et maniement d'armes à feu !
Je ne vais pas dévoiler la trame du film pour ceux qui ne l'ont pas encore vu et qui voudraient le voir, mais on ne s'ennuie pas une seconde dans ce film !
La photographie, volontairement austère, rappelle furieusement Bienvenue à Gattaca, autre merveille, assez proche finalement, mais dans lequel il est question de "perfection génétique" et non pas "morale" (si tant est que l'absence totale d'humanité et des faiblesses qui vont avec puisse être considérée comme un signe de perfection morale).
Les combats, très innovants, sont extrêmement spectaculaires et les acteurs, Christian Bale en tête, magnifiques.
Equilibrium est un véritable chef d'œuvre, qui pose la question des dictatures qui prétendent sauver les hommes d'eux-mêmes, mais qui poursuivent, en réalité, un tout autre dessein...